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C’est une belle plongée au sein d’œuvres connues à laquelle nous sommes conviés, les deux interprètes semblant avoir comme la volonté de nous offrir une ‘autre’ version, plutôt que la volonté - ce qui serait dommage - de dépoussiérer ces compositions. Car comment comprendre la musique s’il fallait à chaque fois la recréer pour la rendre plus intelligible. Ici tel n’est donc pas le cas : comme à leur accoutumée (après Mémoire & Musique), Isabelle Durin et Michaël Ertzscheid donnent le meilleur d’eux même dans ces relectures finalement complexes, tant nous connaissions les interprétations originales, pour la plupart orchestrales. Ce n’est pas tant qu’il faille ré-orchestrer - ici réduire à deux instruments - les morceaux ; mais bien qu’il faille repenser leur développement et leur cohérence afin de leur procurer la fluidité nécessaire. A ce titre le seul thème de Quand Les Aigles Attaquent (R. Goodwin, Where Eagles Dare) avec son piqué et cette efficacité vertigineuse, vaut le détour. Un joli clin d’œil également ravira les cinéphiles, avec le Por una cabeza (tiré de la Liste de Schindler) de Carlos Gardel, dont tout un chacun se souvient l'avoir entendu sur L’excellent True Lies de James Cameron.
On constate une jolie évolution du toucher du violon d’Isabelle Durin, ces œuvres lui laissant après l’album paru chez Paraty Productions, Mémoire et Cinéma (en 2018), la possibilité d’exprimer des gammes moins dramatiques, même si évoquer la guerre c’est parler de drames. Ce premier album se penchait sur les musiques d’Europe de l’Est, les traditions juives, donnant à l’auditeur la possibilité d’entendre des thèmes traditionnels, dont la moindre des qualité, était de faire ressortir une certaine langueur, une nostalgie liée autant aux motifs esquissés qu’aux pages d’histoire s’y rapportant.
Il est aussi évident qu’entre le jeu du piano et du violon, ce dernier embrasse souvent plus intimement la dramaturgie des histoires.
Sans excès de jeu, ni de facilité, le violon et le piano sur ce nouvel album, apportent une intensité toute neuve et au travers de ces relectures nous invitent à ré-envisager les musiques d’origine, parfois plus envolées et plus joyeuses, moins enclines à l’introspection et à ces sentiments nostalgiques.
Crédit photo : Chris Poffi
Un bel album, où la délicatesse de l’interprétation le dispute à la finesse ! Et pensez au long travail de ré-écriture pour deux instruments, travail ayant nécessité des semaines et des mois de labeur, sans oublier les soumissions aux auteurs (lorsque c’était possible, vous vous en doutez) qui auront accueillis ces relectures de leur opus avec plaisir.
Vous pouvez retrouver ici l’interview que nous avait accordé Isabelle Durin.
Le mot du label : Si le 7ème art contribue largement à ressusciter toutes les mémoires passées, c’est sans aucun doute aussi grâce à l’éloquence de la musique portant son image. Dans Un Violon dans l’Histoire, Isabelle Durin et Michaël Ertzscheid vont à la rencontre de plus de 70 ans de cinéma en explorant de célèbres thèmes de Charlie Chaplin, Michel Legrand en passant par John Williams.
Un violon dans l’Histoire
Isabelle Durin & Michaël Ertzscheid
Label : NoMadMusic & Collection Solo de l'Orchestre national d'Île-de-France
Total timing 57:51
01. Chaplin, Delange, Willson : Falling Star (The Great Dictator) 03:33
02. R. Goodwin : Theme (Where Eagles Dare) 03:11
03. H. Hupfeld : As Time Goes By (Casablanca) 05:06
04. E. Demarsan : Thème de Gerbier (L'Armée des Ombres) 03:08
05. F. de Roubaix : Clara 1939 (Le Vieux Fusil) 03:18
06. M. JarreThème (Paris brûle-t-il ?) 02:56
07. G. Delerue : Thème (Le Dernier Métro) 02:03
08. M. Hamlisch : Suite (Sophie's Choice) 05:10
09. P. Sarde : Suite (Le Train) 04:13
10. R. Jones : I am free (Suite française) 03:57
11. Traditionnel : Tantz, Tantz, Yidelekh (The Pianist) 02:29
12. C. Gardel : Por una cabeza (Schindler's List) 04:11
13. G. Yared : Suite (The English Patient) 04:42
14. M. Legrand : Theme (Summer of 42') 03:57
15. J. Williams : Suite (Memoirs of a Geisha) 05:49
Sylvain Ménard, novembre 2022
Crédit photo : Bénédicte Karyotis