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‘Tunnel To Summer’, le film de Tomohisa Taguchi sera sur nos écrans la semaine prochaine
30 mai 2024 à 22h00
Tomohisa Taguchi a réalisé le film d’animation "Tunnel To Summer", il sera sur les écrans mercredi 5 juin. Esthétiquement le film semble aller chercher sa nonchalance (habituelle dans le cinéma d’animation japonais) du côté de la nouvelle vague, et d’une certaine mise en scène. Sur cette histoire de perte d’un être cher, de deuil, le réalisateur nous promène avec lui dans un monde où deux adolescents se cherchent, le garçon avec un père violent, sa mère partie et sa sœur morte ; et une jeune fille orpheline, dont le plus grand souhait est de devenir mangaka.
Le réalisateur TOMOHISA TAGUCHI qui a réalisé entre autres Twin star exorcists, Kino's Journey, The Beautiful World et récemment le film Bleach, Thousand-Year Blood War en deux parties, s’attaque ici à une histoire sombre dont le cinéma d’animation japonais se fait souvent l’échos, la mort et le deuil.
Faisant appel notamment au directeur de production RYÔICHIRÔ MATSUO, à qui l’on doit les jolis Mai Mai Miracle et Dans un Recoin de ce Monde, le métrage bénéficie d’une expertise certaine.
On ressent comme une filiation avec ‘À la recherche du temps perdu’ de Proust, dans cette évocation du temps qui passe, de moments perdus puis retrouvés, ou de cette volonté de se trouver soi même (et incidemment de retrouver « l’autre ») en s’accomplissant. Complexe me direz-vous, mais le sujet est complexe, et ainsi en est-il également de la mise en scène qui nous plonge dans cette quête autant philosophique que spirituelle.
Sans contexte sur Tunnel To Summer, l’histoire est intéressante, bien filmée avec des personnages attachants et bien exploités ; et les décors, s’ils sont assez traditionnels - entendez par là, dessinés comme sur beaucoup d’autres productions - permettent une immersion dans des lieux qu’on découvre au fur et à mesure.
Au titre des « petites choses qui gênent », il faut compter avec l’approche adoptée par le réalisateur sur certaines scènes, comme l’utilisation de la 3D pour les ‘traversées’ temporelles. il s’agit là d’un choix que l’on pourra trouver contestable, en ce sens qu’il n’apporte rien de plus à la mise en scène, si ce n’est comme une sensation d’immatérialité, d’imperfection. C’est sans doute une des approches parmi les plus ennuyeuses de l’animation moderne qui bien souvent ‘abandonne’ à l’ordinateur la gestion de scènes plus ou moins complexes, telles que des survols de rues, des courses-poursuites ou ici, une progression dans un tunnel.
On évoque de plus en plus la fameuse ‘relève’, celle qui doit s’opérer au fil du temps, en remplacement de ceux que nous connaissons comme étant les ‘monstres sacrés’ de l’animation japonaise. Nous avons vu l’arrivée de Makoto Shinkai, dont les superbes (pour ne citer qu’eux) 5 Centimètres par seconde, Voyage vers Agartha, Your Name ou Les Enfants du temps ont su nous toucher ; sans compter ses courts et moyens métrages. Mais prendre la place n’est pas si aisée que ça, en fonction notamment du nombre de réalisations qui sortent aujourd’hui, et pas toutes d’une grande qualité ; la faute en étant aux plateformes, grosses consommatrices de séries et par la suite productrices. Et puis, il faut également tenir compte de ratages esthétiques et scénaristiques, comme avec Gorō Miyazaki et Aya et la Sorcière !
Aujourd’hui avec cette sortie cinéma, c’est un autre réalisateur qui arrive et avec ce sujet plus sensible, nous invite à découvrir son œuvre. L’histoire est intéressante, nous l’avons déjà dit, même si comme il le reconnait lui même, le sujet est traité fréquemment, Voyage vers Agartha de Makoto Shinkai justement, ou Colorful de Keiichi Hara, en sont de bons exemples.
Est-ce que TOMOHISA TAGUCHI est un bon réalisateur, il est trop tôt pour le dire, mais ce n’est pas le problème ici. Son film pour des raisons de choix artistiques, entre le character-design, les décors et cette façon d'éclairer les scènes avec ce filtre d’effet de saturation censé faire 'naturel', ne le différencie finalement pas des autres animés. L’histoire reste différente, mais l’ensemble donne l’impression d’être issu toujours des mêmes studios.
La question devient donc bien : est-il capable de travailler avec un autre studio d’animation, afin d’aller vers une esthétique différente ? Et au vu des sorties, qu’elles soient pour des séries ou des films, nous évoluons fréquemment sur des esthétiques similaires, et c’est là le seul problème.
Le film sort le 5 juin.
Synopsis : Selon une légende urbaine, trouver et traverser le mystérieux tunnel d’Urashima offre à celui qui ose s’y aventurer ce qu’il désire de plus cher mais à un prix qui rend l’expérience périlleuse : quelques secondes en son sein se transforment en plusieurs heures dans la vraie vie ! Kaoru, un jeune lycéen, qui a du mal à se remettre de la disparition de sa petite sœur va faire équipe avec Anzu, une jeune fille énigmatique qui lui propose son aide pour tenter l’aventure. Mais qu’attend-elle de lui en échange ? Et que lui restera-t-il, une fois qu’il aura traversé le tunnel ?
Tunnel To Summer
Durée 84 minutes
RÉALISATION & SCÉNARIO : TOMOHISA TAGUCHI
ADAPTATION DE L’ŒUVRE ORIGINALE DE : MEI HACHIMOKU
DIRECTEUR DE PRODUCTION CLAP, LTD : RYÔICHIRÔ MATSUO
DIRECTION ARTISTIQUE : YUUKI HATAKEYAMA
DIRECTEUR DE L'ANIMATION : TOMOMI YABUKI
DIRECTEURS ARTISTIQUES : YUKI HATAKEYAMA, DAIKI KURIBAYASHI
DIRECTEUR DE LA PHOTOGRAPHIE : TAKUMI HOSHINA
COMPOSITRICE DE LA MUSIQUE ORIGINALE : HARUMI FUUKI
STUDIO D'ANIMATION : CLAP, LTD
Sylvain Ménard, mai 2024