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‘TIMPI TAMPA’ DE LA JEUNE REALISATRICE ADAMA BINETA SOW ; UN FILM BEAU ET ÉLÉGANT AU SERVICE D’UN SUJET SENSIBLE

06 mai 2025 - 08:50
Surprenant film que ‘TIMPI TAMPA’, une histoire que l’on n’attendait pas. Et pourtant, avec ce premier long métrage, la jeune réalisatrice sénégalaise Adama Bineta Sow nous offre un film exceptionnellement juste et fort, un conte social qui nous délivre une jolie leçon sur le « paraître » et la « sororité », un film à la poésie innée, porté par des acteurs radieux et une photographie aux couleurs chatoyantes !
La vie c’est parfois ainsi… on s’installe pour regarder un métrage, dont on ignore tout, on se met à l’aise (c’est important), et puis… on se laisse entrainer par cette histoire qui se rattache d’abord au drame, puis à la comédie, une histoire à la justesse incroyable, qui ne peut à la fin que nous convaincre du bien fondé de cette affirmation, soyons nous-mêmes ! Car ici en Afrique, ailleurs dans le monde, partout finalement ; le regard des autres prend toute la place et parfois fait perdre leurs repères à certaine personnes qui iront jusqu’au suicide parce que le reflet du miroir ne leur plait pas, ou ne leur plait plus.
On parle d’un phénomène qui n’est pas sans danger ; le blanchiment de la peau. Or dans ce monde moderne trop prompt à porter jugement et à établir des codes et des règles, on ne doit rendre de compte qu’à soi même. Tel serait en substance le message que nous adresse Adama Bineta Sow, celui de la sincérité, celui de la résilience, être ce que l’on doit être et l’assumer. Car ce phénomène prend dans l’Afrique contemporaine une dimension catastrophique en occasionnant des dégâts parfois irréparables… et au nom de quoi ? Cette pratique, qui amène la mère du personnage principal à devoir être traitée pour un cancer de la peau, semble presque être un désaveu, celui de sa couleur et sonne comme un retour de l’époque coloniale, la caricature d’un système qui encense l’apparence occidentale en oubliant presque la notion d’identité. Et par apparence, nous parlons de la couleur de peau.
C’est un sujet qui pourrait être sombre, mais il devient par le biais du script, une comédie dramatique, où le rire et le plaisir que l’on prend à découvrir les situations, nous touchent plus qu’un ton sentencieux et accusateur n’aurait pu le faire.
Et ce métrage resplendit d’une aura particulière parce que ses interprètes ‘rayonnent’, parce que les couleurs sont belles, parce que les cadres sont élégants, parce que la langue est belle également, et qu’on se dit en observant ce pays, cet endroit précis ; « mais qu’il doit être bon d’y vivre » ! C’est peut être ce qui au final nous aura le plus marqué, cette fusion avec les personnages et l’histoire, et notre façon de nous l’accaparer. Et ça, c’est assez rare au cinéma de ressentir cette appartenance…
Vraie réussite, ‘TIMPI TAMPA’ est un bien joli premier film ; où, sans user de caricature et sans s’adonner à la satire facile, mais bien avec tendresse et humour, Adama Bineta Sow fait preuve d’un réel talent et d’une maîtrise incontestable. Nous n’avons pas employé le terme de « Feel-Good-Movie », même si au sens précis de l’expression, ce film est furieusement frais et plaisant, nous procurant justement ces sensations de bonheur ou de joie, celle qu’on éprouve en découvrant une belle histoire (au service d’un sujet fort) et des actrices et des acteurs tous épatants et convaincants ! Un film qui parle des femmes, de l’Afrique, un film généreux et sincère.
Synopsis : Khalilou lutte contre les normes de beautés toxiques. Déguisé en Leila, il participe au concours de beauté de son école pour attirer l’attention sur ce fléau en Afrique : le blanchiment de la peau.
Sylvain Ménard, mai 2025
Sénégal, France (2025, 1h23, Comédie dramatique)
Réalisation et scénario : Adama Bineta SOW
Casting : Pape Aly Diop, Yacine Sow Dumon, Fatoumata Aidara Sarr, Ndeye Sanou Samb, Awa Djiga Kane
Produit par : CINEKAP GROUP ET NOLITA
Distribué par EUROPACORP