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The Thing : la musique du film disponible à nouveau chez Waxwork
13 avril 2023 - 16:00
Waxwork Records réédite la musique du classique d'horreur de 1982 réalisé par John Carpenter ; THE THING, dans une superbe édition vinyle. Le grand maître de la musique de film Ennio Morricone, signa à l’époque l’une des compositions parmi les plus remarquables ; sombre, dense et indéniablement claustrophobique.
J’ai eu l’occasion de traiter cette composition dans mon ouvrage Musiques de films Fantastiques et de Science-Fiction (les compositeurs de A à M), pages 681 à 683 ; ainsi que de la version étendue, pages 684 à 687. En voici l'intégralité.
‘On a beaucoup reproché à Morricone d’avoir été plus royaliste que le roi en composant du « plus que Carpenter » sur un film de John Carpenter, à ceci près que son œuvre reste plus mélodique et s’inscrit dans une forme non atonale, orchestrale, même si la plupart du temps elle semble s'insérer dans une approche désespérée et mélancolique. Le long « Humanity (part I) » relève de fait de cette affirmation, dans sa structure dépouillée, presque minimaliste mais étonnamment pure et sans artifices, les cordes et le piano léger en fond, soutenus par quelques cuivres symbolisant cette froideur et cette immensité où l’homme s’est installé. D’ailleurs il est révélateur de constater la nature des morceaux et leurs titres, symbolisant ce qu’est l’homme et aussi sa vulnérabilité. Ainsi « Shape » démontre en ce lent mouvement de violons, puis de piano désincarné, notre incapacité à voir et notre facilité à être dupés et « contamination » s’exprime en un glissendo atypique et de forme atonale, induisant le caractère anormal et étranger de la chose !
Dans « Bestiality » c’est au travers du violon et de son expression triste et saccadée, que va s’installer l’ambiance claustrophobe et horrible, les trompettes exaltant ce mode en staccatos vifs. Electrisants et énervants, les violons de « Solitude » nous remettent à notre place, de spectateur et surtout de voyeur, forcés de constater et surtout d’accepter cette nature étrangère ; le thème s’exalte par l’emploi des cordes et des doux renforts de vents. « Eternity » d’une facture plus électronique - proche en cela des compositions de Carpenter sur ses films - crée un étonnant crescendo, stupéfiant moment d’angoisse où un orgue établit un lien quasi religieux, rythmant l’annonce d’une fin imminente ! « Wait » réintroduit la thématique orchestrale, le suspense y croit d’une façon plus mélodique encore, l'orchestre distillant une ode à la limite du désespoir, offrant aux cordes et aux vents la possibilité d’exprimer l’insoutenable position de l’homme face à son destin. « Humanity (part II) » offre une longue phrase martelée et rythmée, les effets la portant vers une saturation, nous emportant vers les tréfonds de l’incertitude. « Sterilization » réaménage cette tension employant ces effets, d’où toute dissonance est exclue - ce en quoi il est facile de démontrer que la dissonance et l’atonalité outre le manque de construction et la facilité qui y sont liés, n’apportent rien, que ce n’est pas un effet de style et surtout que n’importe quel grand compositeur n’emploie pas ces effets-ci - instaurant l’ambiance ultime, au delà des images… Concluant ce cd en beauté « Despair » nous invite à assister à cette révélation tant attendue, scène mythique de la découverte du vaisseau (bizarrement à la fin du cd, tandis que ce passage se déroule au début du film) qui va bouleverser la donne en ce sens que sachant ce qui nous attend, nous savons d’où vient la chose, mais nous ne pouvons savoir qui elle va posséder, ni en qui elle réside actuellement.
L’hymne interprété est purement magnifique, les cordes sublimant une page d’écriture simple mais lyrique, se passant de mots finalement… et pour cela Morricone va créer un motif qui s’exalte dans sa propre simplicité et sa totale limpidité, les cuivres introduisant le recul nécessaire à la compréhension du tout.’
La présente édition comprend la partition complète d'Ennio Morricone remastérisée et gravée sur vinyle coloré. Le score est disponible dans un étui contenant une affichette et la pochette du vinyle. Le disque est disponible directement sur le site Waxwork.
The Thing (John Carpenter's THE THING Original Motion Picture)
label : Waxwork Records
Face A
01 Humanity (Part 1)
02 Shape
03 Contamination
04 Bestiality
05 Solitude
06 EternityFace B
01 Wait
02 Humanity (Part 2)
03 Sterilization
04 Despair
Sylvain Ménard, avril 2023
