Se connecter
Sortie vinyle: Bloodsport, le score de Paul Hertzog
13 février 2023 - 16:00
Qui se souvient du score de Paul Hertzog pour le film BLOODSPORT ? Si il fait partie de ces métrages qui ont eu la primeur des premières apparitions cinématographiques d’un certain Jean-Claude Van Damme, Bloodsport, tous les coups sont permis, n’a pas marqué les esprits, si ce n’est dans un contexte nostalgique.
Et oui, Bloodsport, tous les coups sont permis, est son titre complet… et tout est dans le titre… les publicitaires en cinéma n’ont jamais manqué d’humour ! Mais fermons cette parenthèse.
Un peu d’histoire d’abord : Cannon Group (parfois nommée Golan-Globus)
Le film avait été produit par Cannon Group, société de production spécialisée dans les films à petits budgets, et qui bon an mal an, nous proposait une rare super production ; on se souvient en 1985 de Lifeforce de Tobe Hooper ou toujours en 1985 de Runaway Train de Andrei Konchalovski ; c’est aussi l’étonnant Cobra de George Cosmatos en 1986, suivi du Highlander de Russell Mulcahy. Et bon, c’est d’accord nous pouvons également citer toujours en 1986, L’invasion vient de Mars de Tobe Hooper.
Parce que soyons honnêtes, Cannon group c’est surtout des Invasion USA, Le Justicier de New York (déclinés en plusieurs versions), des aventures d’Allan Quatermain, des Portés disparus (déclinés…), ou encore un inénarrable Les Aventures d'Hercule de Luigi Cozzi ! Donc la qualité, voire la simple originalité n’était pas nécessairement au rendez-vous entre décalques de succès existants et récupérations jusqu’à plus soif de recettes de films à succès. Soulignons - tout de même - la production du King Lear de Jean-Luc Godard. Sans oublier l’adaptation de l’opéra Otello filmé par Franco Zeffirelli…
Le film BLOODSPORT :
Bloodsport quant à lui arrive en 1988 et est signé Newt Arnold. Le film connaît un développement chaotique, un tournage éreintant et finalement un premier montage est présenté au producteur Menahem Golan. Ce dernier dépité à la vision du fiasco aurait décidé de tout arrêter. Ce sera Van Damme lui même qui aurait proposé de remonter les scènes - devenant de facto le réalisateur de la version finale même s’il ne sera pas crédité. Le film connaitra une première carrière en direct to video, avant que son succès et les demandes de fans ne poussent les producteurs à le sortir en salle.
La musique de BLOODSPORT :
Nous disposons d’assez peu d’informations sur ce compositeur et sa carrière. Nous savons qu’il a enseigné et que sa contribution au cinéma s’est cantonnée à cette fin d’année quatre-vingt et à ce début quatre vingt-dix.
Et vous constaterez que sa filmographie est tout aussi courte ; en 1986 il aura composé le score de My Chauffeur et de Hollywood Zap! ; en 1987 celui de Street Justice ; en 1988 ceux de Bloodsport et Dangerous Love ; en 1989 celui de Kickboxer puis en 1991 celui de Breathing Fire. En 2009, Herzog sortira un album intitulé Freeing the Waters. Il sera suivi en 2016 d’un second album, Waking the Dragon, toujours basé sur des thématiques similaires à celles employées sur Bloodpsort ; et entre pure musique électronique et pop alternative.
Il n’existait que quelques rares éditions. C’est Perseverance Records qui aura édité en 2006 et 2007, les scores de Kickboxer et Bloodsport.
Mais force est de reconnaître que la notoriété de la musique de Bloodsport bénéficie plus d’une sorte d'engouement nostalgique, que réellement d’un manque avéré comme c’est le cas de certaines musiques de films qui nous font défaut cruellement.
Aussi est-ce un curieux choix de la part de Waxwork Records que de reprendre dans une version étendue, un score très représentatif de cette décade et encore plus représentatif de cette vision du monde asiatique, usant ici d’une palette d’instruments typiques, et d’accords offrant la part belle aux rythmes écrits et joués au synthétiseur, qu’agrémentent les effets de boites à rythmes.
Se construisant en boucle autour de motifs électroniques et synthétiques, la musique est - au delà des redites et empilages de formules quasiment mathématiques de sons et de rythmes - un bon exemple de ce qui se faisait à l’époque (la fin des années quatre-vingt) et qu’on entendait relativement souvent sur de nombreux métrages y compris des productions télévisées.
Quoique finalement assez logique même si elle reste fondamentalement mercantile (on ne parle pas de la musique du siècle), cette démarche qui joue de la nostalgie qui est en nous, permet ici de retrouver un public constitué de purs fans hardcores du film, ce qui au final est ce que nous attendons tous !
Sylvain Ménard, février 2023
