Se connecter
SANS TOI : entretien avec la réalisatrice Sophie Guillemin et son époux et acteur principal, Thierry Godard !
12 janvier 2022 à 09h25
À Cinémaradio on a beaucoup aimé SANS TOI le film de Sophie Guillemin (l’article est par là) ; aussi quand on nous a proposé de réaliser une interview, nous avons sauté sur l’occasion. Merci à eux deux, et surtout merci pour ce très joli film auquel nous souhaitons une belle carrière !
• Comment est né ce projet ? Il est venu d’une envie commune, d’un besoin spécifique, et comment l’avez-vous travaillé ?
Sophie Guillemin : Ce projet est né d'une histoire d'amour, celle que je vis avec Thierry, et d'une envie de réaliser très lointaine. J'ai profité de lui, du fait qu'il soit un grand comédien, pour le filmer, le mettre en scène dans une histoire d'amour totalement différente de la nôtre, je me suis servie de la réalité pour partir dans l'imaginaire. J'ai commencé à filmer avant d'écrire le scénario. Chaque jour je continuais d'imaginer la suite. Ce n'est qu'une fois le coeur du film tourné, que j'en ai écrit le début puis la fin. La fin a été la plus dure à trouver.
• N’est-ce pas compliqué de jouer avec son partenaire dans la vie ; le montrer à nu, avec ses faiblesses, ses errances ; comment avez-vous géré une mise en scène assez délicate et centré sur une personne, sans alourdir le propos ni rendre ce personnage antipathique ?
Sophie Guillemin : Ça n'a pas été compliqué parce qu'on est tous les deux passionnés. Et l'avantage de jouer avec son partenaire est que je connais ses failles et je peux m'en servir pour étoffer son personnage. De plus, étant sa femme, il ne peut pas me dire non (rires). J'ai donc pu lui demander beaucoup plus que si ça avait été un comédien ordinaire. Partir d'une personne qu'on connaît bien permet aussi d'éviter la caricature et, comme vous dites, de ne pas rendre ce personnage antipathique malgré ses travers. C'était l'ambition du film. Rentrer dans la tête d'un homme qui n'est pas forcément sympathique, mais pourtant très touchant.
• En évoquant justement le personnage joliment interprété par vous THIERRY GODARD ; sa psyché, ses drames et ses failles étaient la somme de petites choses travaillées, le fruit d’échanges avec SOPHIE GUILLEMIN ?
Thierry Godard : Comme le scénario n'était pas écrit c'est un personnage que j'ai découvert jour après jour et je me suis laissé porter par Sophie.
• Pensez-vous que votre film est au-delà de la description de ce personnage - de son parcours et de ses choix - une sorte de message à l’homme qui partage votre vie ?
Sophie Guillemin : Peut-être que c'est une sorte de message inconscient, oui, de lui dire "fais gaffe, déconne pas avec moi, sinon je me barre et tu me reverras plus jamais" ???? blague à part, ça m'est arrivé plusieurs fois et à plein d'amies aussi : les mecs souvent ne prennent pas la relation au sérieux et quand c'est fini ils la regrettent toute leur vie. Je suis partie de cette observation pour créer ce personnage que j'essaie de comprendre.
• Comment s’est déroulé le tournage, qu’on imagine perturbé par la pandémie ? C'était une équipe plutôt réduite, et avec la production… ?
Sophie Guillemin : La production c'est nous ! Donc on était dans une totale liberté, d'autant plus que l'équipe de tournage était réduite au minimum puisque j'étais seule. C'est moi qui ai cadré, filmé. Le tournage s'est étalé sur 6 mois avant la pandémie, et toute la post production (montage, étalonnage, mixage) à été ralentie pendant la pandémie. On a ensuite dû attendre que les salles rouvrent, et que la liste bouchonnée des films attendant de sortir s'allège un peu. Au final, on est heureux de sortir maintenant.
• Où avez-vous filmé ? - certains paysages sont simplement magnifiques avec ces lumières chaudes ou bleutées…
Sophie Guillemin : On a tourné en Russie pour les villes (Moscou et St Petersburg) et en Suède pour la campagne et le lac gelé. Puis en France pour les intérieurs parisiens, et aussi dans le bordelais pour le travail d'Antoine, négociant en vin.
• Si on évoque la technique, il y a de jolis tons, une belle lumière qu’accompagne une musique souvent délicate et que les instruments soulignent, sur votre métrage. C’était un choix dès le début, jouer avec ces ambiances, souligner une certaine beauté ‘formelle’ ?
Sophie Guillemin : Oui j'avais envie de renouer avec la tradition première du cinéma, celle de véhiculer du sens via l'image, et non par les dialogues. Je voulais que l'image parle. Un peu à la manière des films muets. Et symbolistes.
• Pouvez-vous évoquer avec nous vos prochains projets ?
Sophie Guillemin : Je travaille sur l'adaptation en mini série d'un livre de David Vann et sur le scénario d'un long métrage qui s'appelle la Figurante. C'est l'histoire d'Ava, une jeune fille de province qui n'a pas connu sa mère laquelle l'a abandonnée pour être comédienne à Paris. Le jour où son père tombe malade, elle se met en tête que la seule chose qui peut le sauver est de retrouver sa mère, et pour ce faire elle va devenir figurante.
Mille mercis à Sophie Guillemin et Thierry Godard pour leur gentillesse et leur disponibilité.
Les photos sont de Sophie Guillemin.
Sylvain Ménard, janvier 2022