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‘Quelque chose de vieux, quelque chose de neuf, quelque chose d'emprunté’ ; de Hernán Rosselli sort sur nos écrans mercredi 19 mars

16 mars 2025 - 21:00
Que voilà un titre bien long et complexe… ‘Quelque chose de vieux, quelque chose de neuf, quelque chose d'emprunté’ ! Sur fond de criminalité familiale - les paris clandestins - le réalisateur argentin Hernán Rosselli brosse un portrait hyper réaliste et cru, porté par une caméra qui privilégie l’atmosphère et la trame de l’histoire vécue comme un voyage dans le temps ; celui d’une famille entre les années quatre vingt-dix (après le retour à la démocratie en Argentine) et nos années deux-mille vingt !
L’histoire se partage entre les scènes de films amateurs familiaux tournés par le père de l’actrice principale, que le cinéaste aura récupéré en partie - il faut oser ! - et intégré dans son montage ; et cette description d’une famille qu’on trouvera finalement peu recommandable, d’une famille parfois violente - car être bookmaker implique de gérer le business, le réseau et le territoire, et de recourir à la menace pour les recouvrements.
Sur fond de passation de pouvoir et de transmission père - fille, Hernán Rosselli jette un regard qui curieusement nous semblera nostalgique, probablement le format 4/3 et cette image granuleuse qui joue avec la lumière, sur l’Argentine de ces années 90 puis celle d’aujourd’hui, celle d’une chronique (difficile de ne pas employer ce mot) familiale qui pourrait sembler banale si ce n’était le business qui est le sien depuis des décennies.
Alors non, ce n’est pas ‘Le Parrain’, mais - encore plus au jour d‘aujourd’hui, alors que la violence est partout, dans toutes nos sociétés - il devient problématique d’avoir le recul nécessaire sur ce type de fiction, qui n’est pas un film classique comme on l’entend au sens strict du terme, ni une production de plateforme, ni un film de télévision ; donc pas réellement un thriller, ni un film d’action, pas totalement un film sociétal.
Non, il s’agit bien plus d’un film réaliste et de fiction (jusqu’où ?… telle est la question) qui emprunte ses codes à un cinéma existant, un film dont l’histoire reste intéressante, mais qui assume en plus de cette chronique évoquée, un caractère trouble et dérangeant à la vision de ces comportements, de ces habitudes et des routines familiales, qui parfois laissent le spectateur sur le bord de la route.
‘Quelque chose de vieux…’ s’inscrit alors dans un cinéma d’auteur, résolument expérimental (même s’il n’est pas le premier a avoir utilisé des films amateurs de ses acteurs ou actrices) et avant-gardiste ; mais est un film qui souffre potentiellement d’une image de ‘facilité’, liée à l’activité même des personnages, à la perception que nous en avons.
Synopsis : Dans une banlieue populaire de Buenos Aires, les Felpeto ont créé une entreprise florissante de paris sportifs. Alors, à la mort du patriarche, la mère et la fille reprennent tout naturellement le business clandestin. Mais les temps changent pour les bookmakers : des purges dans la police et des perquisitions surprises menacent tandis que des secrets de famille refont soudain surface…
Sylvain Ménard, mars 2025