Se connecter
POPPY FIELD, une réflexion amère et dure sur l'homosexualité en Roumanie
26 septembre 2022 à 09h00
POPPY FIELD, un film roumain de Eugen Jebeleanu, sortira le 28 septembre et nous invite à une réflexion sur l’homosexualité, un sujet malheureusement toujours d’actualité, traité ici dans le cadre de la vie d’un policier gay, policier dont la vie tourne quasiment exclusivement autour de sa capacité à rester dans l’ombre…
Quand on sait que Eugen Jebeleanu est un metteur en scène de théâtre connu pour ses critiques sociales et son implication dans ce que l’on peut nommer la culture engagée, parlant de normes, de société et d’individu, on attendait un film coup de poing, un film à message.
La trame est celle d’un homme dont sa propre homosexualité pose problème, un homme qui n’ose pas se dévoiler et s’accepter, violent dans ses actes et incapable de s’affirmer ; finalement montré comme étant handicapé par ses sentiment et son incapacité à communiquer.
Rapidement on en arrive à se poser la question de la réalité de l’histoire d’amour entre Cristi et son ami français ; entre contradictions, crises d’humeur et remords ! Il est vrai que la Roumanie où se déroule l’action est encore à la traine quant à ce type de questions et encore plus dans des milieux - comme ici la police - machistes.
C’est sans doute là que le problème principal est soulevé, car le personnage peine à nous convaincre, et ce même si l’acteur en lui même est convaincant. Le tout semblant manquer d’un peu de subtilité mais aussi de sensibilité, on prend vite conscience que c’est la honte qui l’imprègne, lui faisant reporter les fautes sur les autres. Et c’est en cela que le réalisateur, loin d’afficher un message clair et sans ambiguïté nous perd quelque peu ; même si la psychologie de son personnage est bien posée et correspond à des schémas évidents, entre le besoin de s’affirmer, la peur de le faire ou la honte de ce que cela provoquerai ! C’est là que se pose le problème du manque de sympathie que l’on ressent - comme lors de la scène avec sa sœur - Cristi devient son propre paria, perdu dans son besoin de tout contrôler, oubliant par là même d’exister.
Relativement court, POPPY FIELD bénéficie d’une photographie plutôt oppressante, qui souligne la tristesse inhérente qui se dégage des rues, des gens, des lieux… Tout ceci concourant à le rendre sombre et d’un accès compliqué, de par l’approche autour du personnage central souhaitée par le réalisateur. Car en le présentant aussi amère et dur envers lui même, restreint dans ses actions par le poids de la culture et des dogmes ; il est lui même victime et bourreau, conscient des préjugés et des jugement que l’on porte.
Film ‘sous tension’, POPPY FIELD égratigne autant qu’il met en garde sur les excès d’un côté comme de l’autre, face à la peur que représente le regard des autres, dans un pays comme la Roumanie où le poids de la religion et des traditions, excluant toute autre chose, est si fort !
Synopsis : Cristi est un policier roumain au service d'une institution publique encore très machiste. Il doit cacher au quotidien son homosexualité à ses collègues. Le jour où son petit ami français vient lui rendre visite pour quelques jours, Cristi est appelé pour une intervention dans une salle de cinéma où un groupuscule ultranationaliste sabote la projection d'un film queer. Lorsque l'un des spectateurs gay le reconnait et menace de révéler son secret, Cristi craint de perdre le contrôle de sa vie…
Sylvain Ménard, septembre 2022