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PAULA de Angela Ottobah, un film complexe et dur, en salles le 19 juillet
16 juillet 2023 à 10h00
'Paula', c’est l’histoire d’une jeune fille avec ses problèmes, l’absence d’une mère et la trop forte présence d’un père, c’est une histoire d’adolescence, d’apprentissage et de relation…
Cette phrase résume en partie seulement le film 'PAULA' de la réalisatrice Angela Ottobah, une histoire qui vous questionnera. Si 'PAULA' semble s’articuler autour d’une histoire d’enfance, de drames et de blessures ; attention toutefois car il s’agit d’une œuvre difficile d’accès, dont les sous-entendus sont clairs.
Tissant comme une toile où se côtoient l’amour exclusif, la soumission et un début de maltraitance, la réalisatrice filme cette perte de repère puis la déshumanisation qui s’ensuit ; moments où le père va faire subir un lavage de cerveau (on ne peut le qualifier autrement) à sa fille dans son délire destructeur et abusif. Ce quasi huit clos d’une heure trente met à rude épreuves nos certitudes, et nous questionne sur cette réalité !
Pour son premier film la réalisatrice Angela Ottobah nous invite dans cette histoire où l’on ne sait réellement si le père est animé d’intentions malsaines (quoique…), ou à la recherche de ce qui pourrait aider sa fille, et joue de la sorte avec nous. Sachant qu’il s’agit d’un sujet qui peut très facilement dévier vers la chronique glauque et incestueuse, la question qu’on se pose est la suivante : est-ce que nous percevons les choses correctement, ou comme représentant les deux facettes d’une pièce, entre thriller et description d’une forme de folie ; où bien la réalisatrice nous mène t-elle où elle veut, puisqu’au final aucune clé n’est réellement donnée.
Témoins malgré tout de l’évolution des relations du père et de sa fille, avec en filigrane ce récit d’éducation faussée et exclusive, nous ne pouvons qu’assister à ces évènements, la dimension poisseuse devenant encore plus prégnante, soulignée par une photographie aux tonalités oppressantes et sombres et cette mise en scène qui nous amène par moment dans un univers poétique et trouble, où le lapin, la forêt, la noirceur et des peurs inconnues nous ramènent aux contes et à leur symboliques.
On pourrait trouver que l’ambiance ne va jamais au delà du sordide, et c’est probablement le cas ; mais si une chose demeure, c’est qu’en fonction de nos sensibilités nous percevons (et acceptons) différemment ce que nous voyons. Alors même que nous ne voyons pas nos craintes être confirmées (et quel intérêt par ailleurs), le bon sens, notre sensibilité, nous ont déjà fourni une réponse. C’est avec ces non-dits, ces évocations et ces instants suggérés que la réalisatrice dresse ces portraits étonnants, mais également difficiles à supporter.
Synopsis : Juin à Paris. Paula vit avec son père en convalescence. À onze ans, elle est solitaire, l’école l’ennuie et elle n’a qu’un ami : Achille. L’été arrive et le père décide d’emmener sa fille au bord d’un lac, dans une petite et jolie maison. Mais l’été passe, et ils ne rentrent pas. Leur mode de vie devient de plus en plus âpre et dure, épousant un idéal éducatif chaque jour plus extrême. Paula entre alors en résistance, sous l’oeil aimant mais intensément étouffant de son père.
Sylvain Ménard, juillet 2023
PAULA (1h38, France. 2023)
Technique :
Réalisatrice : Angela Ottobah
Scénariste : Angela Ottobah
Distribution des rôles : Afsaneh Chehrehgosha
Directrice de la photo : Lucie Baudinaud
Ingénieurs du son : Frédéric Dabo, Josefina Rodriguez, Clément Chauvelle
Assistant son : Ary Carpman
Assistante monteuse : Clémentine Lacroux
Décors : Yasmina Chavanne
Musique : Rebeka Warrior
Costumes : Rachèle Raoult
Mixage : Mathieu Farnarier
Régisseur général : Jérémie Balembois
Directrices de production : Mélanie Dieter, Cécilia Rose
Producteurs délégués : Alexandre Perrier, François-Pierre Clavel
Produit par Kidam
Distribué par Arizona FilmsCasting :
Aline Hélan-Boudon : Paula
Finnegan Oldfield : Le père
Océan : Bill
Salomon Diallo : Achille
Sophie-Marie Larrouy : Adeline Blick
Annabelle Lengronne : La mère