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‘LE VILLAGE AUX PORTES DU PARADIS’ de Mo Harawe est à ne pas manquer : une plongée dans une famille somalienne, entre chronique, témoignage des malheurs passés, et résilience…

04 avril 2025 - 11:15
‘LE VILLAGE AUX PORTES DU PARADIS’ est le film d’un très jeune réalisateur qui vient d’un pays, la Somalie, où l’on a encore l’impression, contrairement à nos pays occidentaux, qu’on prend le temps de vivre et d’accepter les choses ; et cela s’en ressent d’autant plus dans sa façon de cadrer et dans le caractère posé et tranquille de ses plans, nous invitant à découvrir (plutôt à suivre…) les trois personnages qui évoluent sous nos yeux.
Entre la tradition, le respect d’un mode de vie séculaire, et l’ouverture à un monde relativement moderne si on le considère comme tel ; le film oscille entre la description de la routine, ancré dans la normalité et les petits tracas ; le tout comme nimbé des restes d’une angoisse plus ou moins palpable, celle du terrorisme, et des petits trafics qui gravitent encore autour. Dans cette famille somalienne attachante, entre l’austérité qui semble être le reflet de l’âpreté de leurs vies, rares sont les mots échangés ; et avec humanité, nous donnant à percevoir la sincérité des sentiments, sans exagération, simplement par des regards et quelques mots qui vont à l’essentiel, Mo Harawe nous brosse un portrait d’une intensité remarquable.
Regard jeté sur un monde qui nous échappe - sans être ostentatoire, ni enclin à juger ce que nous ne connaissons pas - le film déroule sa lenteur, et comme une espèce de majesté intérieure qui sublime le caractère contemplatif du métrage. Dans ce pays, différent des nôtres - et par bien des côtés, qui comprend les choses mieux que nous -, ce drame très humain nous happe peu à peu et nous entraine avec lui.
Ajoutons à cette histoire qui a su nous toucher, la réussite que constitue le travail du chef opérateur égyptien Mostafa El Kashef, qui nous promène tout du long du film avec des plans assez longs, usant de panoramiques élégants et lumineux ; et surtout d’une palette chromatique incroyable qui souligne les reliefs, les couleurs, le moindre morceau de ciel bleu qui se dégage.
Chronique d’un moment partagé, le film est un rappel de ce que la vie nous enseigne et parfois aussi de ce qu’elle a de dur, laissant en bouche comme une amertume, mais nous offrant indéniablement une image de résilience ; et en Somalie c’est probablement plus vrai qu’ailleurs.
Synopsis : Un village du désert somalien, torride et venteux. Mamargade, père célibataire, cumule les petits boulots pour offrir à son fils Cigaal une vie meilleure. Alors qu’elle vient de divorcer, sa sœur Araweelo revient vivre avec eux. Malgré les vents changeants d’un pays en proie à la guerre civile et aux catastrophes naturelles, l’amour, la confance et la résilience leur permettront de prendre en main leur destinée.
Sylvain Ménard, avril 2025
Casting :
Mamargade : Ahmed Ali Farah
Araweelo : Anab Ahmed Ibrahim
Cigaal : Ahmed Mohamud Saleban
Technique :
Réalisation : Mo Harawe
Scénario : Mo Harawe
Image : Mostafa El Kashef
Casting : Mohamed Mohamud Jama
Direction artistique : Nuur Abdulkadir
Maquillage & coiffures : Fatuma Yussuf
Costumes : Sarah Ismail
Son : Willis Abuto, Anne Gibourg, Guadalupe Cassius, Christophe Vingtrinier
Montage : Joana Scrinzi, aea
Producteurs exécutifs : Nuh Musse Berjeeb, Abdimalik Yusuf, Ahmed Farah, Osamn Hassan Hussein
Co-producteurs : Jean-Christophe Reymond, Nicole Gerhards, Mo Harawe
Producteurs : Sabine Moser & Oliver Neumann
Produit par : Freibeuter Film (Autriche)
En collaboration : Kazak Productions (France), Niko Film (Allemagne), Maanmaal ACC (Somalie)
Avec le soutien de : Austrian Film Institute/ Vienna Film Fund / ÖFI+ / ORF Film / Fernseh-Abkommen / ZDF – Das Kleine Fernsehspiel
En collaboration : ARTE / Cinémas du Monde – Centre National du Cinéma et de L’image Animée – Institut Français / Région Ile de France / World Cinema Fund