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NADIA BUTTERFLY… UN FILM DE PASCAL PLANTE
30 juillet 2021 à 10h00
Le film de Pascal Plante, NADIA BUTTERFLY, en salles le 4 août, nous invite à une immersion dans l’univers authentique d’une compétition olympique. Authentique, parce que issu lui même de ce milieu sportif, authentique parce que le sujet, celui du retour à une vie normale - l’abandon de sa discipline sportive - est un vrai sujet qui encore aujourd’hui fait débat.
Filmé de main de maitre par sa directrice de la photographie Stéphanie Weber Biron, les scènes de natation revêtent une dimension toute particulière, nimbée de lueurs bleutées, de reflets magnifiés. L’histoire simple et pourtant complexe de ce ‘renoncement’ apporte aussi des éclaircissements - qu’on ne pourra que comprendre - en ce qui concerne le statut des sportifs, leur obligations et la nature de leurs interactions avec les autres nageurs ou le staff, souvent par le biais de tons plus pastels, voire effacés. L’eau est bien l’élément primordial, la photo la sublimant, le reste (la vie hors du monde du sport) paraît presque terne à côté.
Le choix qui a prévalu a été celui de prendre de vraies nageuses dans les rôles principaux, elles-mêmes étant amies dans la vie ; ce qui aura permis ces jolis moments de complicités cinématographiques.
On se questionnera sur le ‘relâchement’ des sportifs, sur ce que représentent les tensions accumulées ainsi que le regard qu’eux mêmes portent sur leur corps et leurs besoins. Est-ce que la volonté du réalisateur de montrer cette scène physiquement intense, ce ‘relâchement’ comme dit précédemment, relève d’une volonté précise ? Redonner leur véracité aux ‘protagonistes’, en leur permettant d’exister au travers de leur sport et surtout en s’en affranchissant ? Il pose de la sorte une question lancinante qui est celle du respect du à la discipline, mais également du respect que l’on doit à celles et ceux qui se sacrifient au nom de leur pratique sportive.
Aussi il réussit à nous offrir cette vision d’une porte de sortie, acceptée finalement, mais déchirante et pleine de contradiction, où le staff ne pourra probablement jamais comprendre - et ce qu’elle qu’en soient les raisons - les décisions qui n’appartiennent qu’à une seule personne.
In finé c’est également par ce biais que Pascal Plante nous propose de retourner sur nos propres pas, de faire le ‘point’ sur nos vies et nos envies (on voit à quel point ces deux mots savent exister ensemble), car ce sujet est finalement universel.
Y a t-il quelques lenteurs ? …probablement, d’autant plus qu’il s’agit du métrage d’un ‘jeune’ réalisateur ! Et ceci dit c’est assez curieux de ne pas voir passer le temps, le montage et les durées des scènes - certains plans séquences semblent par comparaison assez longs - paraissent millimétrées et calculés de sorte de ne pas perdre le spectateur. On sent de fait, que Pascal Plante connait son sujet, qu’il le montre avec une certaine réserve, et aussi une impudeur dans certains plans, au travers des excès, au travers du rappel à l’ordre de ces corps et de ces esprits qui aspirent à la normalité par moment !
Un film au contenu émotionnel indéniable, qui nous invite à nous recentrer sur nos propres réflexions ; et à nous questionner…
Ayant souffert de reports nombreux en raison de la Covid, Nadia Butterly a été reporté de mi juillet à début août 2021. (bande-annonce)
Sylvain Ménard, juillet 2021