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MIDI-MINUIT, un hommage au Giallo ! Entre film de genre et bande dessinée.
10 janvier 2019 à 15h40
C’est assez difficile de se caler sur quelque chose d’existant et qui est de plus à la base d’une production cinématographique aussi riche qu’étonnante (et parfois dans le mauvais sens du terme). Les Éditions Dupuis sortent un album ; presque un graphic novel, cher à la mode anglo-saxonne ou italienne de la grande époque ; superbe objet de plus de cent cinquante pages, fruit du travail du scénariste Doug Headline et du trait puissant et inspiré de Massimo Semerano ! L’avant première organisée par les éditions Dupuis mettait fort bien en valeur ce patrimoine en permettant d’assister à la projection de Quatre Mouches de Velours Gris de Dario Argento. S’appuyant sur une trame respectueuse du Giallo, les deux auteurs (et n’essayez pas de connaître la fin avant de tout avoir lu, ce serait dommage) développent leur intrigue à coup de faux semblants et d’effets graphiques du meilleur goût… mais attention, en respectant cette construction visuelle et esthétique propre au genre.
Il est difficile de commenter plus cette histoire sans en déflorer le sujet, ni donner des indices quant à la conclusion, mais sachez toutefois que la morale sera sauve, que les méchants seront punis et que force restera à la loi. Et en parlant de loi, de méchants et de personnages principaux, le livre nous propose une belle galerie, ni par trop caricaturale (le sujet aurait pu s’y prêter), ni par trop excessive, juste et inventive. On sent également que Doug Headline a potassé son sujet, notamment lorsqu’il nous livre quelques anecdotes et nous en rappelle d’autres au détours des discussions de ses personnages.
Côté dessin, si le trait est posé et très « italien », les décors sont presque classiques, s’autorisant quelques cadrages sympathiques. Nous déambulons dans une Italie réaliste et on se plaira même à essayer d’y reconnaître quelques lieux de tournages chers à Argento et à d’autres réalisateurs de ce genre.
C’est une réussite de la bande-dessinée, une histoire accrocheuse et parfaitement maitrisée. Et alors qu’on a parfois l’impression que la production « produit » un peu trop ; on nous offre ici un bien bel album !
Nous noterons à la fin, une biographie très bien documentée, quelques affiches et posters hauts en couleurs (ce qui est peu dire pour certains travaux aux tons volontairement agressifs) et une courte liste des indispensables du genre.
… et finalement, on se dit qu’il ne lui manque que la musique !
Sylvain Ménard, juillet 2018