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Le dernier film de Cheyenne-Marie Carron, ‘L’Agneau’ est sur nos écrans ; c’est un film qui vous saisira, vous interpellera !

15 avril 2025 - 10:00
Cheyenne-Marie Carron revient après son inoubliable film de l’année dernière (Que notre joie demeure) avec un sujet complexe et qui donne lieu à fréquentes controverses ; les abus sexuels au sein de l’Eglise. Usant d’une mise en scène sobre mais très lumineuse, portée par d’excellents acteurs, ‘L’Agneau’ risque de vous bouleverser.
On parle ici de doute, de questionnement sur un individu, et in finé de son honneur. Sans doute que le combat de Cheyenne-Marie Carron contre l’injustice, prend ici plus d’importance, d’autant plus en raison d’un sujet qu’on rapprochera d’affaires qui ont engendré le mouvement #Metoo. C’est nécessaire et urgent d’écouter les uns et les autres, car sans légitimité, sans recul, on produit alors plus de souffrance.
Se posera la question de savoir si (tel est le cas ici), il faut croire tous les témoignages, de quelque nature qu’ils soient, où s’il faut prendre le temps d’écouter et d’étudier les éléments, ce qui curieusement semble parfois faire défaut.
Souligné par une photographie splendide avec des tons mordorés, des blancs très purs mais pas éblouissants, le film nous apporte un ‘témoignage’, même si nous savons l’histoire fictive, celui d’une Eglise qui se cherche beaucoup, et parfois dans un souci de clarté et de justice immédiate, va trop vite. Mais nous le savons, la justice ne peut être rendue qu’après avoir pris son temps et traité un côté comme l’autre avec la même égalité.
Nous avouons avoir été ‘secoués’ par ce film et sa justesse, un film profond et souvent ’splendide’ ; sans tomber ni dans la facilité, ni dans la caricature. Et que ce soit une personnalité comme Cheyenne-Marie Carron, qui porte cette histoire à notre connaissance, une femme investie dans des combats légitimes et sincères, nous la rend encore plus forte.
Est-ce un film facile ? Sans doute pas, mais il est porté par une force qui découle de ses personnages, principaux ou secondaires, au service d’un drame qui ne doit pas occulter ce que peut représenter une accusation abusive.
Sans doute faut-il prendre le titre ‘L’agneau’ avec beaucoup de précautions ! L’agneau c’est d’abord celui qu’on sacrifie, mais également c’est une créature sensible et innocente avant tout. Jouant peut être sur cette dualité, la réalisatrice nous invite à revenir sur nos pré-supposés, nous demandant de penser qu’au delà des ténèbres il y a la lumière et inversement, et que de ce fait l’ambiguité existe, le vrai et le faux témoignage également, et que ce sujet est terriblement d’actualité.
Certes ce film ne doit pas nous faire oublier le cas de l’abbé Pierre, une affaire malheureusement très récente, mais il nous ouvre les yeux sur certaines tendances bien trop actuelles, concernant la facilité à condamner, la facilité à porter des jugements péremptoires… Et lorsqu’il s’agit de la vie tout simplement d’un être humain qui est en jeu, femme ou homme, chacune et chacun doit avoir le droit de s’exprimer !
Résumé : Le père Paul, jeune prêtre solaire et charismatique, mène son ministère avec enthousiasme. Souvent sollicité, il ne ménage pas ses efforts pour être disponible et répondre aux multiples sollicitations des paroissiens. Jusqu’au jour où sa vie bascule : il est accusé d’avoir eu des gestes déplacés envers une jeune fille. Il devra se battre pour démontrer son innocence.
Sylvain Ménard, avril 2025
Réalisatrice : Cheyenne-Marie Carron
Acteurs : Johnny Amaro, Leslie Tompson, Cécilia Assoun, Alexandre Triaca
Distributeur : Hésiode Distribution
Durée : 1h33mn
Date de sortie : 16 avril 2025