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'L'Âge Imminent', une belle relation petit-fils & grand-mère sur fond d’amour et de culpabilité

11 mars 2025 - 21:00
Avec beaucoup d’humilité et de tendresse, le ‘collectif Vigilia’ à l’initiative du projet, brosse le portrait d’un jeune homme de 18 ans qui vit avec sa grand-mère et peu à peu constate les dégradations de l’âge et de la maladie. Sur ce sujet sensible et complexe, les réalisateurs offrent au spectateur une réflexion exempte de tout jugement et sans facilité, ni excès de sensiblerie, et en cela s’avère salutaire !
‘L’Âge Imminent’ est un film tout en tendresse, d’une profonde humilité, un regard jeté sur l’autre, en l’occurrence sur quelqu’un de notre famille. Avec douceur et par petite touche, nous découvrons cette fusion, cette complicité qui existe entre la grand-mère et son petit-fils. Sans se perdre dans d’inutiles discours, les deux réalisateurs observent, mais ne dissèquent pas ; constatent, mais ne jugent pas. C’est un exercice périlleux, car nous les voyons tous deux interagir, s’inquiéter pour l’autre, se poser des questions (inévitables) ; le tout sans voyeurisme ni misérabilisme.
Certaines scènes, comme celle de la douche, pourront nous sembler dures car elles soulèvent tellement de questions, sur la perte de son autonomie et sur le besoin de l’autre. Et quand cet autre est son propre petit-fils, quelqu’un de plus jeune que soi, quelqu’un de sa propre famille, c’est comme une souffrance qui nous étreint ; la sensation d’être inutile ou d’avoir dépassé ses limites.
Alors que nombre de pays en sont encore à tenter de légiférer sur la fin de vie , il nous paraît bon de nous souvenir de cette dimension également, de la perte d’autonomie qui impose parfois l’obligation de ‘placer’ (quel mot atroce) un aïeul, parce qu’il devient dépendant et incapable de s’occuper de lui-même.
La perte d’autonomie et la maladie, sont bien les sujets traités ici ; mais en contrepoint c’est également la culpabilité - à l’idée d’abandonner un des siens - cette culpabilité que l’on ressent face aux décisions que nous sommes amenés à prendre.
Et bouleversant, le film l’est probablement par instant, tant il remue de choses en nous, tant il nous met face à des impossibilités qui nous donneront finalement l’impression d’être totalement impuissants.
A l’aide d’une mise en scène dynamique et incisive, Clara Serrano Llorens et Gerard Simó Gimeno mettent l’accent sur ce qui est important - la relation attachante entre ces deux êtres - et finalement nous montrent en très peu de temps et avec concision (le film fait un peu plus d’une heure dix) qu’on peut faire du beau cinéma, sensible et humain, avec humilité et humanité, loin de l’image exagérée et rigide de productions aseptisées !
Synopsis : Bruno vit avec sa grand-mère Natividad à Barcelone. Cette femme de 86 ans est la seule famille qu'il ait jamais connu, mais sa dépendance croissante envers son petit-fils entre de plus en plus en conflit avec son besoin de liberté et de découverte de soi. Lorsque l'occasion se présente de placer Natividad dans une maison de retraite, Bruno est contraint de faire face à une décision à laquelle il n'avait jamais pensé auparavant.
Sylvain Ménard, mars 2025
L'Âge Imminent
Réalisateurs : Clara Serrano Llorens, Gerard Simó Gimeno
Scénario : Clara Serrano Llorens, Ariadna Ulldemolins Abad, Laura Corominas Espelt
Distribution : Nunu Sales, Antonia Fernández Mir, Miquel Mas