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Joe Hisaishi retrouve Hayao Miyazaki et signe le score du film d’animation LE GARÇON ET LE HÉRON

04 janvier 2024 - 15:05
Après avoir parlé du film sorti en novembre (l’article est ici), revenons sur la musique composée par Joe Hisaishi, qui signait ici son grand retour au sein de la famille Ghibli.
Cela faisait bien longtemps que Joe Hisaishi n’avait collaboré sur un animé issu du grand studio, la dernière collaboration étant celle sur Ni no kuni II : L'Avènement d'un nouveau royaume en 2018, et il s’agissait d’une composition pour un jeu vidéo qui faisait suite à Ni no kuni : La Vengeance de la sorcière céleste qui datait quant à lui de 2013. Il fallait alors remonter toujours à 2013 et au Conte de la princesse Kaguya de Isao Takahata et juste avant, au dernier film en date de Hayao Miyazaki, Le vent se lève, pour le voir collaborer avec le Studio Ghibli sur un film d’animation.
Le film est un retour à une certaine forme de poésie, celle qui a fait fait la renommée de Ghibli, et ce après les métrages extrêmement réalistes et ancrés dans l’histoire que sont Le Vent se Lève ou Souvenirs de Marnie ; et fort curieusement le score écrit par Joe Hisaishi sur Le Garçon et le Héron nous donne comme l’impression d’être bien plus atmosphérique et contemporain, renvoyant à des études parfois, des miniatures composées pour un orchestre de chambre ou des quatuors.
Écrire pour un film qui même s’il s’appuie sur l’histoire moderne reste fantastique dans son propos, offre ici l’opportunité au compositeur de s’essayer à une écriture plus moderne, moins ‘brillante’, loin de ses compositions sur des Porco Rosso, Laputa et Cie (autre temps), ou des Ponyo sur la Falaise (un score magistral et plus récent). Si une certaine déception nait, ce n’est pas quant à la musique en elle même, ni quant à son orchestration ; mais elle vient bien plus d’une perception, celle de cette fusion qu’on espérait avec les images et que nous avons l’impression de ne pas retrouver.
Ainsi nait une forme de frustration, comme un goût de ‘pas assez’, mais dans un contexte bien spécifique, où l’on se serait attendu à une composition ample et très structurée et où la magie orchestrale que Joe Hisaishi sait si bien mettre en scène, aurait surgi de nouveau !
Nous sommes tous (!) prisonniers de nos perceptions et nos regrets, et ici il s’agit très certainement du besoin que nous avions d’entendre un score aussi majestueux et orchestral que ceux d’un Voyage de Chihiro ou d’un Princesse Mononoke… mais le sujet n’est pas le même.
Joe Hisaishi est un très grand compositeur et qui n’a rien à prouver, que ce soit sur ses musiques de jeux vidéos, sur les films de Takeshi Kitano, sur des drames, des films historiques et bien sûr sur les films d’animation. Avouons également que le score est plus intimiste, plus marqué par le temps ; des considérations déjà évoquées quant au travail de Hayao Miyazaki depuis Le Vent se Lève… histoire de nous rappeler que rien n’est gravé dans le marbre.
Le Garçon et le Héron est une musique profonde et sensible, bien différente de ce qu’il avait composé depuis des décennies pour le studio Ghibli… mais est-ce un mal ?
Pour rappel Joe Hisaishi n’a pas travaillé sur Arrietty, le petit monde des chapardeurs (2010), la musique étant de Cécile Corbel et Simon Caby ; La Colline aux coquelicots (2011), la musique étant signée Satoshi Takebe ; Souvenirs de Marnie (2014), le score étant de Takatsugu Muramatsu. Nous ne parlerons pas de La Tortue rouge qui s’inscrit à part car étant une collaboration entre la France, la Belgique et le Japon, là c’était Laurent Perez del Mar qui œuvrait à la baguette ; ni de Aya et la Sorcière (2020), première production totalement 3D (et totalement ratée) qui voit Satoshi Takebe en écrire la musique.
[Synopsis du film : Après la disparition de sa mère dans un incendie, Mahito, un jeune garçon de 11 ans, doit quitter Tokyo pour partir vivre à la campagne dans le village où elle a grandi. Il s’installe avec son père dans un vieux manoir situé sur un immense domaine où il rencontre un héron cendré qui devient petit à petit son guide et l’aide au fil de ses découvertes et questionnements à comprendre le monde qui l'entoure et percer les mystères de la vie]
Sylvain Ménard, janvier 2024
Le Garçon et le Héron (Joe Hisaishi)
Label : Black Screen Records (9 août 2023)
01. Ask me why (Evacuation)
02. White Wall
03. Blue Heron
04. Reminiscence
05. Blue Heron II
06. Twilight Feather
07. Adolescence
08. Blue Heron III
09. Silence
10. Curse of the Blue Heron
11. Arrow Feather
12. Ask me why (Mother's Thoughts)
13. Trap
14. Sanctuary
15. Tomb Master
16. Box Boat
17. Swarm
18. Reincarnation
19. Rain of Fire
20. Cursed Sea
21. Farewell
22. Retrospection
23. Rapid Approach
24. Feint
25. Girl of Fire
26. Real Person and Himi
27. Corridor Door
28. Nest
29. Song of Prayer (Birthing House)
30. Great Uncle
31. Stealth
32. Great King's March
33. Great Uncle's Thoughts
34. Ask me why (Real Person's Decision)
35. Great Collapse
36. Last Smile
37. Theme Song
Lien : https://www.cinemaradio.net/news/le-garcon-et-le-heron-signe-le-retour-du-grand-hayao-miyazaki-647