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‘JEUNESSE IMAGINAIRE’, un film de Ruxandra Gubernat, AU CINÉMA LE 12 MARS… entre immersion, projection et réalisme de ce que sera demain en Roumanie

09 mars 2025 - 09:00
L’universalité semble être le dénominateur commun de nos pays, et cette ‘quasi’ étude, à laquelle se livre la réalisatrice Ruxandra Gubernat, souligne qu’au travers de nos revendications, nos objectifs et nos erreurs, nous sommes particulièrement semblables. Jetant un regard sur un groupe de jeunes roumains ; d’avant, pendant et après la Covid ; nous sommes invités à les accompagner, dans leurs espoirs, leur envie d’un avenir meilleur, puis dans cet abime qu’a été la pandémie, avant de les retrouver alors que la dernière étape est franchie, qu’ils deviennent autonomes et seuls maitres à bord quant à leur projets.
Il est toujours complexe d’appréhender les informations dans leur globalité et d’être mis face à des situations, sans pour autant que nous nous sentions simplement spectateurs. Ruxandra Gubernat s’aide d’un montage concis et clair, afin de nous aider à découvrir cette jeunesse vibrante et volontaire ; qui par la force des choses va couler et se chercher tout du long d’une épreuve sans commune mesure, la pandémie ; avant de rebondir tout en ayant perdu une partie de ses rêves, car - tel est également le message -, il faut se reconstruire, essayer de s’échapper de cette noirceur, retrouver ses envies et les assumer.
L’un des axes, mis en avant par la réalisatrice, est l’implication et la volonté de s’inscrire dans une démarche citoyenne, transcrite par le biais des répétitions de théâtre et que l’on perçoit au travers des textes qu’ils écrivent et ‘offrent’, des textes en forme de contestation contre la xénophobie, l’exclusion, le racisme ; toutes choses où on les sent extrêmement concernés, combatifs.
Et peu à peu se dessine l’image d’une jeunesse pleine de volonté et d’envie ; d’une jeunesse qui veut s’éloigner du carcan qu’elle subit ou pense subir (parfois la différence est floue) dans son propre pays.
Nous sommes alors porté par un mouvement dynamique, porté par ces jeunes gens, dont l’espoir est d’avoir une vie meilleure que celle de leurs ainés, l’espoir d’un avenir moins rigide et préprogrammé.
Et aux yeux du spectateur se pose effectivement la question liée à ces anciennes républiques de l’URSS, au poids d’un passé qui même au-delà des décennies, peine parfois à s’effacer, images de sociétés qui ont eu beau évoluer, laissent fréquemment leur jeunesse sur le bord de la route.
Et c’est là que la pandémie fera son apparition et remettra tout en question…
On a l’impression qu’en Roumanie, les contraintes ont été plus importantes que chez nous, même si on peut imaginer que c’était partout les mêmes. Et c’est là qu’on se rend compte à quel point, malgré la nécessité, tout ce qui nous a été imposé a été particulièrement dur à vivre et aura probablement impacté notre civilisation ; donnant aux gens l’impression de se sentir totalement abandonnés, livrés à eux-mêmes, ‘laissant sur le bord de la route’ (à nouveau) toute une frange de la population.
La pandémie prendra fin, et il faudra - avec plus ou moins de succès - reprendre le cours de nos vies.
Enfin c’est l’heure des résultats du baccalauréat, et de la concrétisation des efforts de toute une année et des années précédentes, de l’après COVID ; la prise de conscience qu’une ligne a été franchie… avec en point de mire l’avenir avec ce qu’il peut apporter d’angoisse et de doute !
Alors bien sûr, la réalisatrice montre également que chacun n’a pas les mêmes chances, que chacun est différent. Et ainsi au-delà de l’échec - au-delà de la réussite - ; il y a la volonté de réussir, il y a la volonté de faire quelque chose et d’essayer, d’essayer encore.
Elle souligne l’universalité de nos besoins et nos envies, montrant au travers de ses trois personnages principaux leurs particularités et leur originalité, et ce qui peut les séparer - comme la résilience suite aux échecs consécutifs -, ou les décisions et les choix, de quelques natures qu’ils soient, qu’ils sont amenés à prendre.
Plus proche d’une tranche de vie, que d’une étude sociologique, ‘JEUNESSE IMAGINAIRE’ nous amène à la rencontre de ces adolescents ; de ces jeunes gens qui grandissent et s’émancipent, n’ayant pas d’autres choix que d’évoluer ; et qui tentent de se trouver une place dans la société.
Synopsis : Six ans après avoir juré ne jamais revenir en Roumanie, la réalisatrice Ruxandra Gubernat filme trois adolescent.e.s dans son pays natal au cours de leurs dernières années de lycée, avant, pendant et après la crise sanitaire du Covid-19. Alors qu'ils prévoient tous de quitter la Roumanie après le lycée, Una, une actrice, Habet, un rappeur, et Stefania, une militante écologiste, se retrouvent pris dans la tourmente quotidienne et face aux choix cornéliens concernant leur avenir. Comment la crise sanitaire va t'elle les affecter, eux et leurs projets ? Qui s'en sortira ?
Sylvain Ménard, mars 2025
Documentaire, 84 minutes (France / Roumanie)
Réalisation : Ruxandra Gubernat
Écriture : Irina Dobriță, Henry Rammelt , Ruxandra Gubernat
Image : Andrei Dudea
Son : Florin Tabacaru, Victor Miu
Montage : Robert Bitay
Production : Monica Lăzurean-Gorgan, Elena Martín
Production : Manifest Film