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‘FAINÉANT.E.S’ de Karim Dridi sort en salles le 29 mai

23 mai 2024 - 18:00
‘FAINÉANT.E.S’ est un curieux ovni cinématographique. Curieux parce qu’il est compliqué de s’attacher aux personnages, curieux parce que l’histoire en elle même explique finalement assez peu les raisons profondes qui ont amené les personnages à avoir cette vie, à l’aune de leurs propres choix, de leur volonté d’être affranchies, autonomes, libres de toute contraintes.
Entre galères et fuite éperdue en avant, difficile de se retrouver dans ce film qui avait tout pour nous plaire. Si les deux actrices sont épatantes, pleine de vie, d’allant et d’envie, cet affection pour les marginaux que manifeste le réalisateur Karim Dridi, nous perd ici. Car nous sommes bien dans ce contexte de film sociétal, révolté (et encore…), censé porter un regard sur les situations, les ‘commenter’ et qui, de fait, en lieu et place prend la forme d’un road-movie consacrée à ces deux amies, qui suite à une embrouille se sépareront, puis se retrouveront, leurs chemins qu’il soit commun ou séparé, parcouru d’embuches, de scènes de la vie de tous les jours, de tristesse aussi… Tous ces moments, ces instantanés sont plutôt bien traités, mais constituent comme des péripéties qui s’accumulent au fur et à mesure.
On frôle par instants également une sorte de glorification de la « débrouille » et du « quant à soi », car au final c’est bien de cela qu’il s’agit… pourquoi pas ? Mais là où le bât blesse, c’est bien dans la ‘caricaturisation’ un peu exagérée qui les montre entre petites magouilles, n’hésitant pas à aller pomper de l’essence dans le véhicule du fermier du coin, lequel n’est probablement pas plus riche que vous et moi. On égratigne au passage le consumérisme, ce qui n’empêche pas nos deux copines d’avoir un portable. Curieuse observations finalement qui ne font que souligner l’ambiguïté des situations.
Et le pire est que nous ne faisons que les accompagner dans ces évocations de tranches de vies, alors qu’il nous semble que nous devrions les partager, pas seulement observer. Cette distanciation qui s’opère fait que malgré la qualité du jeu des actrices, la sympathie qui s’en dégage, nous ne nous sentons pas réellement concernés.
Nous sommes effectivement bien loin des précédents films de Karim Dridi comme Le Dernier Vol (2009), Chouf (2016), Revivre (2024), ou encore le documentaire Hakawati, les derniers conteurs (2020).
S’il apparait comme évident que le réalisateur s’est fait le chantre d’un certain cinéma, d’une certaine dénonciation qui consiste à mettre en avant le conflit social et le pamphlet politique ; il brosse sur ‘FAINÉANT.E.S’ des portraits certes attachants, mais impose à ses deux femmes solidaires avant tout, un parcours, qui, entre insoumission et rébellion contre l’autorité, les convenances, manque d’émotion et finit par nous perdre.
Synopsis : Nina et Djoul, copines inséparables, sont expulsées de leur squat. Elles reprennent alors la route à bord de leur vieux camion avec une soif de liberté et une seule obsession : faire la fête. Rencontres impromptues, travail saisonnier, concerts, joyeuses subversions, quelques galères mais surtout beaucoup d’aventures rythment désormais la vie nomade de ces deux amies.
Sylvain Ménard, mai 2024
Casting :
Nina : Faddo Jullian
Djoul : .jU.
La vieille : Odette Simonneau
Tof : Lucas Viudez
Le père : Bernard Llopis
Gribouille : Johann Tamplier
Sorce : Thierry Colombo
Momo : Momo
Technique :
Réalisation : Karim Dridi
Scénario : Karim Dridi, Emma Soisson
Montage : Paul Pirritano
Image : Aurélien Py, Benjamin Ramalho, Jean-yves Ricci
Son : Tom Allibert-Bardoux, Jean-Nöel Yven
Musique : David Gubitsch, Clément Leotard, Vincent Peirani
Mixage : Jean-Nöel Yven
Étalonnage : Alexis Lambotte
Producteurs : Emma Soisson, Jean Bréhat
Une production de : Mirak Films, Les Films du Veyrier
Avec le soutien de : La région Provence-Alpes-Côte d’Azur
Avec le soutien du : Centre National du Cinéma et de l’Image Animée
En association avec : Sofitvcine 10
Photos tous droits résrevés