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Cliff Eidelman: Symphony for Orchestra and Two Pianos, Night In The Gallery

03 mars 2024 - 22:00
L’occasion était trop belle - alors que Cliff Eidelman vient de nous annoncer la sortie prochaine d’une seconde symphonie - pour ne pas revenir sur sa première ‘Symphonie pour Orchestre et Deux Pianos’, en trois mouvements ; ainsi que sur son ‘Night In The Gallery’, un opus en quatre mouvements pour orchestre de chambre !
J’ai découvert Cliff Eidelman avec le sixième opus de Star Trek, Terre inconnue (Star Trek VI: The Undiscovered Country)… Quelle claque musicale, mais il faut dire que le scénario échappait au surprenant effet soporifique produit par les trois précédents film, et Cliff Eidelman écrivait un score pour un script plus original et nous offrait ainsi une composition d’une fraicheur et d’une inventivité certaine. Et puis on s’est penché sur lui parce qu’il dirigeait le Royal Scottish National Orchestra pour un album intitulé The Alien Trilogy, reprenant les musiques des trois films réalisés à l’époque (dirigeant les scores de Goldsmith, Horner et Goldenthal). Puis on l’a retrouvé toujours à la direction d’orchestre sur un très beau Roméo & Juliette, et bien évidemment sur des scores qui nous auront marqué.
Compositeur peu prolixe, il s’est depuis quelques années dirigé avec brio vers le classique nous offrant quelques œuvres de belles factures, écrivant une première symphonie puis une seconde qui devrait sortir cette année (quand, reste toujours la vraie question !).
Évoquer une composition contemporaine - d’une facture classique - écrite par un compositeur de musique de films reste toujours complexe. D’abord parce qu’on a tendance à réduire son art au seul cinéma, ensuite parce qu’on veut y trouver des références, voire des similitudes avec d’autres œuvres. Or la symphonie pour orchestre et deux pianos de Cliff Eidelman échappe à toute tentative de catégorisation. C’est une composition totalement indépendante, qui s’enrichit tout au long de sa structure, superbement orchestrée et mélodiquement très aboutie.
Les quelques exemples qui me viennent à l’esprit - on peut partir sur trois en fait - ce sont John Williams, Elliot Goldenthal… et Danny Elfman ! Trois compositeurs qui montrent que la composition au sens strict du terme, n’est pas une simple affaire de mode, de genre ou d’affect. Trois compositeurs qui n’ont pas hésité à sortir de leur cadre, déjà au cours de leurs carrières dans des compositions pour le cinéma, ensuite en embrassant des codes et des structures (œuvres pour concerts, opéra, divertimento…) dans une suite donnée à leur carrière plus ouverte sur un schéma classique.
Et si on y réfléchit bien, que l’on écrive pour le cinéma, la scène, l’opéra, des attractions… que l’on écrive pour orchestre, petits ensembles, instruments seuls ou électroniques, quand on ne parle pas de musique expérimentale ; la notion même d’écriture musicale s’adapte.
"On est pas un bon compositeur de musique de films"… C’est une chose qui me frappe de plus en plus. "Non ! On est simplement un bon compositeur". C’est probablement là que se joue d’ailleurs, le véritable enjeu de l’accès à ces musiques, comprendre que la compositrice ou le compositeur, écrit une œuvre, qui automatiquement s’affranchit de son cadre. On l’écoute, on la ré-écoute… on la mémorise, on va à un concert, on l’écoute en direct ; c’est ça en fait qu’induit le fait de composer de la musique. Revenir à la source du plaisir musical pour l'auditeur.
Et les sensations induites par l’écoute de sa symphonie et de son Night in the Gallery, sont la marque d’un excellent compositeur qui fait selon les règles d’harmonies et de constructions, nous comblant en nous offrant ces splendides mouvements !
Une œuvre à découvrir, qui vous confortera dans l’idée que décidément Cliff Eidelman est un homme à suivre… Un de ces compositeurs qui brille dans une profession souvent par trop timorée.
Cliff Eidelman
Symphony For Orchestra And Two Pianos
01. Movement I • 7:34
02. Two Piano Cadenza Prelude - Movement II • 9:19
03. Two Piano Cadenza Prelude - Movement III • 11:23
Night In The Gallery
04. Seduction And Mischief • 4:05
05. The Tempest And The Mysterious Clown • 4:02
06. Islands Of Love • 4:55
07. Liberation And Innocence • 5:17
Sylvain Ménard, mars 2024