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César Augusto Acevedo signe avec ’Horizonte’, un film étonnamment mature et emprunt de philosophie, en suivant la quête de rédemption de son personnage principal

03 juin 2025 - 14:00
Sur une photographie presque crépusculaire s’ouvre un film lent, sombre et ténébrant, ‘Horizonte’ du réalisateur colombien César Augusto Acevedo. Avec son très beau format cinémascope, ‘Horizonte’ promène sa nonchalance et sa mélancolie poignante, qu’une somptueuse photographie souligne. Par delà la vision d’un monde d’ailleurs, sublimé par des plans irréprochables, le métrage nous emporte dans un univers froid et différent, en quête de rédemption, celle d’un homme qu’accompagne sa mère, au delà de la mort, au delà du pardon !
On peine à imaginer des paysages d’une telle beauté, mais d’une beauté froide et triste ; des endroits qui nous offrent la vision d’un univers figé dans le temps et l’espace. Il est compliqué dès le début du film de ne pas trouver austère et inaccueillante cette terre, ces paysages presque apocalyptiques qui pourraient être baigné de lumière et où l’on sentirait la chaleur du soleil, mais qui ici sont d’une teinte bleuté, morte et déshumanisée.
Dans ce cadre très large idéalement choisi et magnifié par l’utilisation d’un format cinémascope tel que l’a souhaité le réalisateur, les personnages semblent perdus, seuls vestiges d’une humanité qui chemine dans un environnement maussade et désespéré, peuplé de courants d’air, de murs délabrés et de paysages sans aucune vie apparente…
C’est ici d’ailleurs que s’opère comme une sorte de recul par rapport aux images, alors que la voix du fils (tel une voix-off) égrène inlassablement les actes odieux et pervers qui furent perpétrés ici et là.
Et tout du long de cette litanie, si certaines visions semblent réellement relever du macabre, la plupart étant assez choquantes ; le réalisateur choisi de ne pas nous montrer mais d’évoquer par les paroles et par les bruits, ce qui s’est passé ici. Multipliant sans aucun doute notre répulsion face aux actes, et nous imposant encore plus de rester attentif et aux aguets.
C’est fort probable que le spectateur se demandera s’il s’agit d’une chronique de fin des temps ; ou d’un réquisitoire contre la violence et la stupidité humaine, qui ici prend l’apparence d’un cheminement dans ce qui ne peut être que le purgatoire.
Alors bien sûr ‘Horizonte’, a bien des égards, pourrait évoquer un film d’horreur ; une histoire où les habitants d’un village, totalement décimé, finissent par ne plus être que des ombres, ultimes vestiges d’une humanité perdue. Une histoire ou de paysages désertés, en retours en arrière sur des événements passés, puis en passant par des moments qui nous invitent à réfléchir sur la barbarie et la bêtise humaine ; nous amènerait vers une conclusion à la dimension fantastique !
Et, dans ce qui ressemble de plus en plus à une déambulation psychédélique, totalement immergés que nous sommes dans ce qui fut la folie d’un homme et dans son cheminement macabre (avec des guillemets tout de même), dans cet endroit qui ressemble au purgatoire, la fantasmagorie devient solennelle et d’une mélancolie suprême.
La dernière partie du film nous amène dans les moindres recoins de l’horreur que le fils a perpétré ; dans un voyage sans fin et sans retour. Si la dimension inhérente au christianisme ne nous aura pas échappé, allégorie et métaphysique se mélangent par instant, le film provoquant en nous des émotions contradictoires et puissantes. Le réalisateur nous emportera finalement jusqu’à cette scène conclusive ou enfin la lumière apparaît, et où le fils continuera son chemin seul jusqu’à l’expiation totale de ses fautes !
Le film invite probablement le spectateur à avoir une réflexion salutaire sur la violence, celle des états, celles des hommes… Mais plus profondément, ‘Horizonte’ nous propose d’assister à ce qui nous parait comme le besoin d’un homme de revenir sur ces fautes (ou ses péchés), et de s’amender en cherchant l’expiation. Il est impossible de demander pardon, tant il nous paraît évident que le pardon ne peut être qu’offert et non demandé… et c’est l’un des messages important que nous livre le réalisateur !
Synopsis : Séparés pendant des années en raison d’un conflit armé, Basilio et sa mère se retrouvent enfin et se mettent en quête du père disparu. Mais tous deux sont désormais morts. Cherchant à expier ses crimes passés, commis à l’époque où il était un criminel de guerre, Basilio va tenter d’obtenir le difficile pardon de ses victimes. Mais aussi celui de sa propre mère...
Sylvain Ménard, juin 2025
Fiche technique
Réalisateur et scénariste : César Augusto Acevedo
Chef opérateur : Mateo Guzmán Sánchez – ADFC
Montage : Soledad Salfate, Camila Beltrán
Consultant montage : Matthieu Taponier
Cheffe décoratrice : Marcela Gomez Montoya
Musique : Harry Allouche
Ingénieurs du son : Juan Camilo Martínez – ADSC
Mixage : Anthony Juret, Jean-Guy Veran
Cheffe maquilleuse : Lina Fernanda Cadavid
Chef costumier : Julián Mauricio Grijalba
Produit par : Inercia Pictures, Ciné-Sud Promotion
Production : Paola Pérez Nieto, Thierry Lenouvel
Co-producteur : Donato Rottuno, Louise Bellicaud, Claire Charles-Gervais, Giancarlo Nasi, Titus Kreyenberg
Co-production : Tarantula, In Vivo Films, Quijote Films, Unafilm
Casting
Claudio Cataño : Basilio
Paulina Garcia : Inès
Edgar Duran Galindo : Israel
Michael Steven Henao : Basilio (adolescent)