La mise en scène sait se faire surprenante et presque dérangeante, avant-gardiste, sans toutefois embrasser un caractère expérimental ; devenant finalement réflexion philosophique sur le choix, la mort et le destin.
Porté par une musique intrigante et très belle, le film s’ouvre sur un jardin peuplé de sculptures, parfois effrayantes et qui déterminent à elles seules une ambiance à part. Image de corps statufiés, perdus dans le feuillage et les fleurs ; couleurs jouant sur trois ou quatre tonalités, le film prend des allures de tableau poétique, étrange, celui d’un ‘possible’ sublimé par la volonté du cinéaste.
Ainsi la poésie n’est pas absente du métrage, loin s’en faut, et le spectateur percevrait comme une inspiration, venant d’un auteur et d’un cinéaste comme Jean Cocteau, l’ambiance même épousant une forme plus abstraite et ce faisant plus inquiétante.
Bel exercice de style sur un sujet fort ; le propos est mis en valeur par une animation d’une grande clarté ; avec ce trait assez caractéristique, dessinant comme des épures, un trait empruntant en quelque sorte à l’école européenne, qu’elle soit d’animation ou de bande-dessinée.
Visuellement et esthétiquement, le film est particulièrement surprenant et bien fait ; offrant au spectateur des scènes qui pourraient paraître dérangeantes pour un jeune public - et le film n’est pas destiné à un jeune public - des scènes ou la maturité et la violence paraissent se mélanger, comme celle des attaques de chiens-loups ou les images de chairs se reconstituant. L’image perturbante d’une forêt gigantesque engloutissant, telle une vague, tout ce que l’homme a construit ainsi que l’homme lui-même, nous hantera longtemps.
Si le cinéma d’animation, c’est relativement peu confronté à des sujets métaphysiques ou philosophiques ; il a produit quelques œuvres où la réflexion, quant à des dimensions spirituelles étaient dignes d’intérêt. La part humaine et sociale dans ce film est aussi nettement prédominante, soulignant la lutte des classes et sa remise en cause par certains même si les contestations demeurent.
Le film semble évoquer à nos yeux ce qu’on s’attache à décrire comme « la seconde chance » ; et la possibilité que nous aurions (aurions eu ?) de faire les choses différemment ; mais au final est-ce que tout cela ne s’inscrit pas dans un cycle, un cercle sans fin dont on ne saurait sortir ?
Le film a été sélectionné à Cannes pour la Quinzaine des Cinéastes cette année et a concouru au festival d’Annecy.
Il sort ce mercredi 1er octobre.
Synopsis : Lors d'un attentat contre de riches propriétaires, Hélène abandonne ses compagnons et s’enfuit dans la forêt. Manon, son amie et complice lors de l’attaque, revient la hanter, pour lui offrir une seconde chance. Ensemble, elles affrontent le choix impossible entre violence et inaction. Si c'était à refaire, jusqu'où Hélène irait-elle cette fois au nom de ses idéaux ?
Sylvain Ménard, septembre 2025
LA MORT N'EXISTE PAS
Animation ; Canada-France ; durée 1h12Voix :
HeÌleÌne : Zeneb Blanchet
Manon : Karelle Tremblay
Marc : Mattis Savard-Verhoeven
Vieille dame : Barbara Ulrich
Enfant : Françoise L
Martine : Marie B.
ReÌmi : FeÌlix Dufour-LaperrieÌreTechnique :
ReÌalisateur : FeÌlix Dufour-LaperrieÌre
SceÌnario : FeÌlix Dufour-LaperrieÌre
Montage : FeÌlix Dufour-LaperrieÌre
Son : Olivier Calvert, Samuel Gagnon-Thibodeau
Mixage : Hans Laitres
Musique originale : Gabriel Dufour-LaperrieÌre
Production : Embuscade Films, Miyu Productions
Producteurs : Nicolas Dufour-LaperrieÌre, FeÌlix Dufour- LaperrieÌre, Emmanuel-Alain Raynal, Pierre Baussaron