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Almamula, le film de Juan Sebastián Torales, est le film à découvrir au cinéma
10 août 2024 à 10h00
‘Almamula’ est un film qui, sur fond d’histoire ‘dure’ - l’homosexualité en Argentine est (et demeure) contraire aux lois, celle des hommes et de dieu - nous propose de découvrir un lieu, un territoire, ou réel et fantaisie se mélangent, où le péché et la foi, côtoient l’obscurantisme, le mysticisme et la magie.
Compliqué de parler d’un film sur un tel sujet, encore plus lorsqu’il provient d’un pays comme l’Argentine, guère réputé pour sa tolérance et son refus catégorique de la différence, très prompt à condamner ce qui n’est pas ‘naturel’, et donc jugé comme ‘déviant’… [à ce titre voyez le remarquable documentaire ‘Femmes d’Argentine’ (Que Sea Ley) sur l’avortement illégal]
Le film de Juan Sebastián Torales est un remarquable métrage dont les images - ah, mais quelle superbe photographie - subliment son personnage en quête de soi, sacralisant de la sorte ce voyage initiatique qui prend alors une forme inattendue, celle d’un métrage qui oscille entre film fantastique, réflexion sociale et philosophique.
Sur un schéma qui ne serait pas sans rappeler une allégorie, où le symbolisme n’est jamais très loin ; le réalisateur nous raconte une histoire, où le spectateur ne pourra que constater la tendresse évidente (on aurait pu dire ‘l’empathie’) dont il fait preuve à l’égard de ses personnages. Soutenu par des acteurs impressionnants et aux rôles rien moins qu’évident à porter, Juan Sebastián Torales nous invite à une réflexion sur un sujet d’une actualité brûlante, quand elle n’est pas tout simplement trop banale.
Film complexe au messages assez divers si on y réfléchit bien, Almamula est de ces métrages qui osent, et malgré quelques petits défauts, réussissent à nous imposer une vision très originale, parfois avant-gardiste, parfois naturaliste.
Synopsis : Dans son quartier à Santiago del Estero, au nord de l’Argentine, le jeune Nino est régulièrement la victime d’actes homophobes parce qu’efféminé. Afin de le protéger, sa mère très croyante emmène toute la famille à la campagne pour les vacances d’été. La forêt près de la maison a la réputation d’être hantée par l’Almamula, un monstre qui, selon la légende, enlève tous ceux qui commettent des péchés charnels. Alors qu’il assiste aux leçons de catéchisme en préparation de sa confirmation, Nino se sent étrangement attiré par la forêt maudite.
Sylvain Ménard, août 2024