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'AFTER' de Antony Lapia, arrive sur nos écrans le 25 septembre… Esquisse d’un temps, d’un âge et d’une jeunesse à part. Un film sans doute intéressant, mais aux trop nombreux clichés… et quel en est le message ?
19 septembre 2024 à 11h45
De réunion d’après fête à critique sociale il n’y a qu’un pas. Anthony Lapia évoque une rencontre, plutôt improbable, et un ‘After’ entre deux personnes que tout oppose à priori. Le film suit ainsi deux personnages principaux, Félicie, une jeune avocate, et Saïd, un chauffeur Uber qui se rencontrent dans une boite de nuit. Culture à part et dérives de toutes sortes, le film donne une image assez trouble d’une certaine jeunesse, presque celle d’une communauté avec ce qu’elle a de restrictif.
On pourra d'emblée reprocher des dialogues parfois un peu ‘simplistes’ comme lors de cette longue introduction qui se déroule dans le ‘monde de la nuit’, inévitable alors de s’empêcher de porter un regard distant et critique sur ces passages.
L’intérêt du film vient probablement de "l’After", de l’arrivée chez la jeune femme et du temps alors que va leur accorder le réalisateur. Il brosse un portrait convaincant de ces deux personnages, issus de milieu différents, ayant également des métiers différents, mais des métiers qui les tournent vers les autres, les rassemblant alors.
Entre discours introspectif et retour sur leur moi profond, la rencontre de ces deux paumés de la vie (n’est-ce pas ce qu’ils sont in finé) nous offre un panel de constats parfois emprunts de radicalité. Alcool et cigarette font bon ménage, la came et l’abus d’un peu de tout semble être une part non négligeable de leur bagage.
Fatalement le portrait commence à échapper à Anthony Lapia, d’autant que la bande-son va du rythme syncopé à la transe, donnant une impression d’irréalité à l’ensemble. Les dialogues, après les échanges traditionnels, s’envolent vers la critique sociale, celle de la justice, celle du monde qui les entoure.
Compliqué de la sorte de se trouver concerné à ces moments précis par ce qu’ils sont, et ce qu’ils véhiculent.
On se posera alors la question suivante, mais où est le cliché, il y en a bien un sous tous ces effets, ces descriptions ?
Vision d’un monde où la jeunesse se shoote, boit et danse jusqu’à plus soif, AFTER ne fait que véhiculer certaines idées reçues, celles d’une jeunesse en rébellion, opposée à tout, victime d’une société qui ne laisse aucune chance.
C’est ici que le discours tenu - dans le film par les acteurs, mais tel que souhaité par le réalisateur - nous arrive en pleine figure, mais faussé par l’évidence d’être confrontés à un ’groupe’, une communauté, loin donc d'être représentatif.
Description d’une ‘couche’ spécifique de la population (elle même au sein d’une couche, formant ainsi une sous-couche), le film ne peut guère toucher que des ‘teufeurs’ (connu également sous le nom de fêtards), des consommateurs d’alcool, de tabac… Mais cette volonté de montrer une autre vie (très parisienne) ne fait que souligner des errances, celles d’un monde interlope. Est-ce cela le portrait de la jeunesse ? Ou bien est-ce le ‘portrait d’une jeunesse’ ?
C’est là probablement qu’Anthony Lapia échoue à nous amener là où il le souhaite.
Finalement ce métrage, qui dans les scènes de club renvoie presque à une étude comportementale (celle d’une fraction de population), nous gêne dans ces évocations, dans l’absence de volonté ou d’envie propre de s’épanouir.
Où sont les valeurs, où est l’auto détermination ? Est-ce que c’est comme dans la chanson de Mylène Farmer, une ‘Génération Désenchantée’ ?
Plus proche d’un court-métrage que d’un film, AFTER d'Anthony Lapia, dresse un portait bien trop ciblé et loin d’une réalité vécue par nombre d’entre-nous. ‘Projection’, envie d’en découdre avec la société, besoin de dénoncer (mais quoi ?), le film oscille entre documentaire (les scènes de club) et une narration, fictive quant à elle (l’After), qui souligne des différences d’idéologies, mais est empreint de ’parisianisme’.
Et c’est le reproche final qui lui est fait, celui de s’attarder sur une communauté comme évoqué précédemment, qui loin d’être le reflet d’un tout, n’en est qu’un des éléments… le plus représentatif ? … ceci reste à démontrer.
Synopsis : Une nuit, un club techno. La jeunesse danse comme si demain n’existait pas, la musique emporte tout sur son passage. Quand Félicie rencontre Saïd, elle l’invite à poursuivre la soirée chez elle, en After.
Sylvain Ménard, septembre 2024