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Virus, épidémies, pandémies & Cinéma
27 mars 2020 à 21h00
Si l’Histoire (avec un grand "H") n’a pas été avare en crises et catastrophes de tous genres ; il reste à souligner que le pire, du moins aux yeux du simple mortel, demeure le virus dont l’attaque sournoise n’est quasiment jamais précédée de signes avant-coureurs détectables ; et que surtout de par sa nature même, cette quasi invisibilité, il est ce qui épouvante le plus l’âme humaine…
L’histoire donc, nous a appris que les pires attaques, la grippe espagnole n’étant que la plus récente, avaient vu arriver des pestes, dont la bubonique ou peste noire, le choléra (qui donna lieu à une pandémie au XIXème siècle), le virus Ebola, et autres joyeusetés qui avaient toutes plus ou moins marqué les esprits et les peuples. Mais le monde évoluant, les souches virales aussi - et personne ne parle encore de complot ou d’armes biologiques ! - les maladies, virus et autres auront également évolués. Si nombre de ces virus ont acquis une renommée certaine en étant souvent déclinés au cinéma et dans des films d’horreurs, la pandémie au sens strict du terme est rarement évoquée si ce n’est pour nous proposer des mutations qui sauront nous épouvanter - et encore plus surenchérir - ce qu’on nomme la graduation de l’horreur.
La peste, pour conclure avec elle, porte un nom qui à lui seul en dit fort long car elle vient de PESTIS, mot latin qui signifie « fléau » !
Les métrages sont trop nombreux ou relèvent de genres parfois à l’opposé du thème comme les vampires (le vampirisme étant ceci dit lié à une maladie du sang), les zombies (une autre maladie quand il ne s’agit pas d’une mutation ou de phénomènes liés à une pollution) ; car le thème est riche et a toujours eu le vent en poupe ; l’homme adore se faire peur ! Mais il s’avère que parfois, parfois, le cinéma est malheureusement bien en dessous de la réalité !
Voici quelques films à voir…
Alerte de Wolfgang Petersen (1995) est l’histoire d'une épidémie de virus hémorragique mortel (du type Ebola) introduit accidentellement dans la petite ville de Cedar Creek par le biais d’un petit singe. Ce film est outre son interprétation, très bien monté et parfaitement représentatif de ce qui se passe, s’est passé et se passera encore.
L’excellent Black Death, film germano-britannique de Christopher Smith, sorti en 2010 et s’axant sur une épidémie de peste bubonique nous invite à observer les dégâts occasionnés par la peste et à quel point ces maladies changent toute personne en monstre, éradiquant l’humanité qui est en nous. L’action se déroulant au moyen-âge c’est l’occasion de voir une assez belle reconstitution, sombre et angoissante ; ainsi que des acteurs crédibles, Sean Bean en tête (devinez comment il finit ?).
Contagion relève plus du thriller, est réalisé par Steven Soderbergh et est sorti en 2011. Ici le focus est mis sur une épidémie qui devient vite galopante et qui tue les contaminés en seulement quelques jours. Contagion s’il reste un film intéressant vaut surtout pour son casting, où les acteurs jouent souvent à contre emploi et disparaissent aussi soudainement qu’ils sont apparus.
Le réalisateur de Dog Soldier et The Descent, Neil Marshall, nous aura proposé Doomsday en 2008. Ce film relève plus du film Post Apocalyptique, mais démontre avec une certaine efficacité ce qui pourrait advenir avec la construction d’un mur érigé entre les contaminés et les autres, observant par la suite les dérives diverses, (cannibalisme, viols, violences…).
Nous n’oublierons pas de mentionner Pandémie, film japonais réalisé par Takahisa Zeze et sorti en 2009. Un nouveau type de virus occasionne une pandémie, nous suivons donc ce qui est mis en place, confinement et procédures diverses relevant de l’état d’urgence.
Même titre, mais autres lieux et autre temps ; Pandémie (The Flu , Hangeul)) est un film catastrophe sud-coréen de Kim Seong-su, datant de 2013. Une épidémie ravage la banlieue de Séoul, le gouvernement n’ayant d’autre choix que de l’isoler. Bien sûr avec un tel scénario catastrophe, Pandémie - sans doute l’un des films les plus réalistes de ces dernières années - nous laissera un goût amer en bouche, nous infligeant mensonge des politiques, peur de l’autre, perte de repères sociaux, brutalité… et j’en passe.
Phénomènes (The Happening) de M. Night Shyamalan, sorti en 2008 prend un peu à contre pied nombre de ses prédécesseurs et nous pousse à nous pencher sur la question lancinante du devenir de notre monde et de ce que pourrait faire la nature pour nous inviter à plus d’humilité.
Dans le genre épidémie, mais axé sur un virus qui transforme les gens les faisant devenir agressifs et ultra-violents, Dernier train pour Busan est un film d'horreur sud-coréen de Yeon Sang-ho (2016). Nous sommes plus sur cet axe relatif au Zombie, à l’épidémie et à la contamination.
La trilogie, Le Labyrinthe ; Le Labyrinthe : La Terre brûlée ; Le Labyrinthe : Le Remède mortel ; propose une alternative intéressante à ce sujet nous soumettant une vision certes post-apocalyptique, mais traitée avec une certaine efficacité et visuellement plus novatrice que d’autres. Petit problème, la sympathie que l’on est censé éprouvé pour les personnages parfois absente, ou bien la facilité parfois du scénario qui joue trop des évidences.
Probablement l’un des meilleurs films sur le thème de la maladie et de la survie, et ce dans les deux versions ; je parle bien sûr de Je suis une légende, adapté du roman de Richard Matheson. Si la dimension de la mutation - des humains qui deviennent des vampires dans l’un et des meurtriers assoiffés de violence dans le second - est bien présente, l’un comme l’autre présentent une vision de l’après complètement bluffante et effrayante… Que ce soit dans le fait, pour l’un, d’être le dernier humain ; et pour l’autre d’être dans un monde où plus rien n’est comme avant !
Je suis une légende (L'ultimo uomo della Terra), film italo-américain coréalisé par Ubaldo Ragona et Sidney Salkow et sorti en 1964 avec le grand Vincent Price dans le rôle principal. Je suis une légende (I Am Legend) de Francis Lawrence sorti en 2007 avec Will Smith (excellent) dans le rôle principal.
Le Hussard sur le toit, film français de Jean-Paul Rappeneau et adapté du roman de Jean Giono est sorti en 1995. Il se déroule durant une épidémie de choléra vers 1832. Ici, dans un contexte historique toutefois, nous nous attardons plus sur les errances des personnages, la violence ou la mauvaise foi.
La Peste (The Plague) est une co-production entre l’Argentine, la France et L’angleterre. Le film est réalisé par Luis Puenzo et est sorti en 1992. Il s’agit d’une libre adaptation de l’œuvre de Camus.
Plus axé sur un côté fantastique, Contamination est un film italien de Luigi Cozzi datant de 1980. Flirtant autant avec l’horreur, la science-fiction que le drame, il est à voir, ne fut-ce que pour au moins avoir la possibilité de dire que l’on a vu un « nanar » dans sa vie !
The Crazies (2010), film américain de Breck Eisner, est lui même un remake de La Nuit des fous vivants (1973) réalisé par George A. Romero. Dans une bourgade tranquille (ça commence toujours comme ça, allez savoir pourquoi !) une maladie inconnue apparaît provoquant des troubles neurologiques qui occasionnent des accès de folie furieuse.
Et n’oublions pas non plus de parler de L'Armée des douze singes (12 Monkeys) de Terry Gilliam sorti en 1995. Ce film est une adaptation du court métrage La Jetée, de Chris Marker (1962). Population mondiale éradiquée quasiment en totalité, pandémie, phobie et questionnements sur le pourquoi et le comment, sont au programme de ce film - un peu trop long - mais qui a le mérite d’innover sur un sujet maintes fois traité.
Hollywood se sera également précipité sur le thème, citons Le Pont de Cassandra (The Cassandra Crossing) de George Pan Cosmatos, sorti en 1976. Curieusement ce film entre dans la catégorie film catastrophe, mais son sujet étant le vol d’un produit dangereux et la contamination de passagers d’un train - avec l’inévitable question : jusqu’où peut-on aller pour empêcher une maladie de se répandre - il est un bon exemple de ce que les scénaristes imaginaient pour créer le suspense.
28 Jours plus tard et 28 Semaines plus tard, offrent cette image de société en déliquescence après l’irruption d’un virus rendant les gens violents et meurtriers. Si nous ne sommes pas confrontés aux zombies, nous n’en sommes pas loin. L’intérêt étant l’observation des procédures, la critique de la société et les comportements sociaux (ou asociaux, ça va de soi).
Virus (Fukkatsu no hi) est un film post-apocalyptique japonais de 1980 réalisé par Kinji Fukasaku. Un virus mortel éradique la quasi totalité de l’espèce humaine. S’il y a un film à voir, c’est probablement celui-ci et ce pour un grand nombre de raisons (interdit de spoiler), traitant de virus artificiel, de complot, de la peur du nucléaire et de la fin de monde.
Pour ceux qui désireraient regarder un bon vieux film des années quatre vingt, citons Mutant de John "Bud" Cardos, où certains habitants d’une petite ville se transforment en mutants (d’où le titre) mais avec une petite spécificité ramenant néanmoins au zombie.
Et enfin pour ceux qui souhaiteraient pousser plus avant (je ne saurai être tenu pour responsable !) ; jetez un œil au Dernier des Templiers (Season of the Witch), film de Dominic Sena sorti en 2011 avec Nicolas Cage. Sorte d’enquête matinée de sorcellerie ou de démonologie et se déroulant lors d’une épidémie de peste noire.
Il y en a bien d’autres, mais ceux cités ci-dessus représentent déjà un bon échantillon de ce que les studios ont su et voulu nous vendre en la matière. Regrettons toutefois que le recul ne soit souvent pas au menu du jour et qu’il soit à craindre une fois cette épidémie terminée, l’irruption sur nos écrans (petits ou grands…) d’intrigues racoleuses et détestables parce qu’elles récupèreront ce qui est à l’heure d’aujourd’hui un drame humain avant tout !
Sylvain Ménard, mars 2020