Se connecter
Sur les écrans : GHOST SONG de Nicolas Peduzzi, un film à l’aura toute particulière !

27 avril 2022 - 16:00
Entre histoire de musique, de folie et de drogue, où s’ajoute une pointe de suspense avec l’arrivée imminente d’un ouragan, GHOST SONG fait partie de ces métrages portés par leur dimension nihiliste et en même temps loin de toute caricature, sincère, direct et sans complaisance !
Avec un message aussi percutant que parfois décalé, évoquant le rap, la ségrégation, la drogue ou simplement cette vie dans cette Amérique profonde (Houston), avec ses quartiers plus ou moins riches, baignant dans les tragédies familiales et les excès en tout genre ; GHOST SONG apparaît comme une plongée hallucinatoire dans un monde ou tout peut arriver. D’un coin de rue où la pauvreté s’affiche, à des rues propres et révélatrices d’une certaine forme d’aisance, en passant par des rencontres avec des dealers, des rappeurs, des gosses de riches, du plus minable au plus étonnant ; le réalisateur met en avant des personnes et des lieux aussi lucides que sombres, aussi riches dans leur discours que paumés dans leur existence.
Portées par une musique lancinante, les images sont autant de témoignages, autant d’instantanés et de moment de partage avec cette jeunesse désenchantée, en quête d’un futur meilleur que celui qu’on lui avait promis, en quête d’espoir et de repères. Mais les choix, bons ou mauvais, sont toujours là quant à eux, magnifiés soudain par l’irruption d’une musique classique qui sacralise dans une sorte d’apothéose les sentiments que l’on éprouve à la vue de ces images, dans ce que l’on pourrait qualifier alors de moment vécu comme une Catharsis.
Bercé par ce son quasi omniprésent, par cette immersion sonore, GHOST SONG est une ode à l’errance, à celle de ses fascinants personnages, de leurs envies et de leurs quêtes dans un Houston qui oscille entre ville crépusculaire et entité dévoreuse d’âmes.
Et la vision finale de l’ouragan vu de l’espace qui ici prend la forme d’un monstre primaire et inéluctable, puis de Houston frappée par le vent, les pluies et la foudre, ne fera qu’entériner cette impression de fatalité et de désespoir.
Onirique par moment, le film jette ainsi un regard sans censure sur ce monde ; conscient à cet instant que ce qu’il porte à notre attention, relève autant d’un constat désabusé que d’un fol espoir quant à la capacité de résilience qui réside en chacun. Houston n’est probablement pas la ville de tous les vices, mais elle apparaît ici comme cette Sodome et Gomorrhe de la bible comme l’évoque l’un des personnage paumé du film, une cité où le bien et le mal se côtoient, se confondent et s’épousent, où blessures profondes et incompréhension restent le lot quotidien de nombre de ces âmes.
Entre la tendresse évidente qu’il manifeste pour ses personnages et cette volonté certaine de ne pas travestir la réalité, Nicolas Peduzzi brosse un portrait criant de vérité, sombre et parfois désabusé de cette Amérique profonde et toujours marqué par les nombreux fossés que sont l’argent, la couleur de peau ou l’héritage familial. Mais loin d’un énième pamphlet sur les américains et l’Amérique, GHOST SONG nous offre à l’instar d’un THE LAST HILLBILLY (juin 2021) ou du récent MICHAEL CIMINO UN MIRAGE AMERICAIN (janvier 2022), une vision réaliste de ces américains pas si incultes et repliés sur eux mêmes que l’on se plait à le croire, image ou cliché, et en quête d’un avenir.
Nicolas Peduzzi nous a accordé avec enthousiasme une interview. Cette dernière sera mise en ligne d’ici peu !
Le pitch : Houston, Texas. Un ouragan s’annonce, prêt à dévorer aussi bien les gens que les rêves. Alex rappeuse, ex cheffe de gang, longe les murs pour éviter les représailles et enterrer son meilleur ami. Will et Nate, âmes errantes des quartiers riches, se débattent contre leurs addictions et leurs démons familiaux. De cette poisse ambiante s’échappe leur symphonie.
Réalisé par Nicolas Peduzzi
Scenario : Nicolas Peduzzi, Aude Thuries et Léon Chatiliez
Image : Laeticia de Montalembert, Francesco di Pierro et Nicolas Peduzzi
Son : Léon Chatiliez, Maxime Berland et Romain Ozane
Montage : Nicolas Sburlati et Jessica Menendez
Musique : Jimmy Whoo
Production : GoGoGo Films
Distribution : Alchimistes Films
(76 min)
Sylvain Ménard, avril 2022