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Star Wars séries • Episode V : 'Le Retour du Mandalorien', l’épisode incontournable de la série Le Livre de Boba Fett

06 décembre 2022 - 14:45
Le Livre de Boba Fett est la série Star Wars la moins réussie, la faute sans doute à l’erreur qui a voulu que le personnage que nous avions découvert dans L’Empire Contre Attaque et Le Retour du Jedi (plus brièvement ceci dit), soit devenu aussi bavard - au grand dam de l’acteur Temuera Morrison - et trop prévisible. Exit donc le côté évoqué avec son père Django Fett (personnage qu’il interprète dans Star Wars, épisode II : L'Attaque des clones), individu sombre et secret ; pour une approche plus bavarde et trop décalée.
Loin de cette figure énigmatique que l’on connaissait - la leçon à retenir étant de ne jamais dévoiler le visage du méchant, qui y perd une partie de son aura - il perd toute saveur, ceci étant dû au traitement scénaristique et à l'approche du personnage imposés à l’acteur. Une série qui reste intéressante à voir, mais qui se perd en cours de route.
MAIS, il y a dans cette série le retour d’un personnage bien connu - le Mandalorien, joué par Pedro Pascal - dans un étonnant et superbe épisode intitulé « Chapitre 5 - Le Retour du Mandalorien » !
Réalisé de de main de maître par l’excellente Bryce Dallas Howard (fille de Ron Howard), laquelle nous avait déjà ravis en réalisant plusieurs épisodes du Mandalorien, cet épisode est en tout point parfait, respectant l’esprit Star Wars, bénéficiant d'une trame rigoureuse et d'environnements visuellement ébouriffants.
Dans cet épisode un flasback impressionnant nous montrera la fin de Mandalore, à grands coup d’explosions nucléaires et de frappes au sol de modèles de droïds de sécurité impériaux (K-2SO dans Rogue One), images qui ne seraient pas sans nous rappeler celles de Terminator I et II, avec les exosquelettes combattant les troupes humaines. Autant de symbolisme et de références parfaitement assumées et bienvenues. Le personnage perdra d’ailleurs ici le « statut » de mandalorien, puisqu’il avouera avoir retiré son casque.
Épisode mis en scène avec efficacité et un indéniable talent il nous offre une impressionnante vision d’une station spatiale en forme d’anneau (Glavis Ringworld), une cité incroyable où la lumière joue avec nous, lumière d’une blancheur aveuglante contrastée par les innombrables sources d’ombres de bâtiments gracieux et trapus en même temps, marque d’une inspiration qui renverrait presque à celles de grands illustrateurs comme Ralph McQuarrie (une évidence certainement), mais aussi celles de Chris Moore, et surtout John Berkey.
On ressent la blancheur des structures sur le fond étoilé, baignées alternativement par la lumière ou passant dans l’ombre. N’oublions jamais que l’on doit à John Berkey l’affiche originale de Star Wars en 1977 !
Ce long plan séquence qui voit le Mandalorien se rendre à son rendez-vous et cheminer le long des rues et des structures de cette cité- anneau est une merveille d’équilibre et de beauté visuelle, conceptuellement impressionnant, magiquement poétique, un grand moment de cinéma où l’on sent le plaisir d’offrir cette déambulation où pointent maintes références.
L’influence ; et chacun voit ce qu’il veut voir avec son propre système référentiel ; a toujours été primordiale sur Star Wars, et elle prend sur cet épisode une tournure à nulle autre pareille dès le début. Si on ne peut nier une qualité artistique indéniable sur les séries (je suis pour ma part un amoureux inconditionnel du travail de Doug Chiang depuis ses concepts et peintures pour la prélogie) ; c’est une sorte d’apothéose à laquelle nous sommes conviés avec ces créations jamais vues, ces reprises comme celles du chasseur N-1 Naboo, ces environnements qui appartiennent autant au western, qu’au polar (la scène d’introduction) ou à la science-fiction.
Quelques regrets toutefois… regrets qui concernent finalement l’ensemble des séries Star Wars. On s’étonnera que les séquences d’effets spéciaux avec les décors et la technique développée pour l’occasion, dite du ‘plateau numérique‘, nous paraissent parfois trop ‘plats’… Car nombre de spectateurs auront sans doute remarqué que les décors conçus de cette façon (technique issue du jeu vidéo) donnent souvent l’impression de manquer de relief, comme c’est le cas sur les attaques de la base rebelle avec le débarquement des stormtroopers, ou lors de l’évasion de la citadelle des inquisiteurs dans Kenobi avec l'assaut des airspeeder T-47, les fameux snowspeeders de L'Empire Contre Attaque ! Ces scènes sont de fait des séquences d’intégration avec acteurs (ou personnages virtuels) et les décors ‘projetés’, où curieusement nous ressentons comme une absence de profondeur, de dynamique réelle, comme si nous percevions que le plan était faux.
Et toujours au titre des regrets, on ne pourra que déplorer l’implication du compositeur Ludwig Göransson, qui après une première saison ‘musicale’ plutôt bien troussée et originale du Mandalorien était revenu avec des thèmes appauvris et répétitifs sur la seconde saison avant d’écrire la musique du Livre de Boba Fett ; même si cet épisode dispose de quelques passages assez jolis !… Mais qui ne nous empêcherons pas de regretter une véritable composition !
Les épisodes réalisés par Bryce Dallas Howard sur Le Mandalorien sont au nombre de deux, Chapitre 4 : Le Sanctuaire ; Chapitre 11 : L'Héritière. On peut regretter qu’elle ne soit pas plus impliquée, sa sensibilité la portant vers des thèmes originaux et sa mise en scène étant parfaitement ciselée. Ce qui prévaut sur Kenobi, un seul metteur en scène à savoir la réalisatrice canadienne Deborah Chow, conduit ici sans doute à une sorte d’éparpillement lié aux multiples réalisateurs et à leur sensibilité.
Quoiqu’il en soit, s’il n’y a qu’un épisode de la série sur Boba Fett à voir, c’est bien celui-ci, l’excellent Chapitre 5 - Le Retour du Mandalorien !
Sylvain Ménard, décembre 2022
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