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Star Wars séries • Episode IV : ANDOR, une série parfaitement dispensable !

01 décembre 2022 - 09:00
ANDOR, où comment Disney réussit à laisser une équipe aussi inconsistante et maladroite, aux commandes d’une des séries Star Wars les plus ambitieuses ! Et pour faire un parallèle avec la cuisine : pourquoi le soufflé retombe-t-il ?
LE NAUFRAGE…
Pour changer, évoquons d’abord la musique… Et ce pour une raison bien évidente, c’est que l’environnement musical sur Star Wars est primordial !
Mélange de techno, de sons d’ambiance et d’une pop que même un Drama coréen n’oserait employer, la musique de Andor est un chef d’œuvre d’éparpillement et de rendez-vous manqué avec son public. Car comment expliquer au compositeur qu'étant sur une série Star Wars il doit respecter les codes !
Si innover reste un droit légitime, que signifie un démarquage total, où l’absence d’harmonie et de mélodie est flagrante ? Où les seuls accords se jouent sur trois notes ? Et oui, c’est vrai que le fabuleux thème de Signs (M. Night Shyamalan) composé par James Newton Howard est basé sur trois notes… Oui, mais c’est Newton Howard ; un gars talentueux s’il en est !
Mais revenons à nos moutons. C’est d’autant plus remarquable - entendez par là, « étonnant » que Rogue One bénéficiait d’un des meilleurs scores entendu ces dernières années ! - et - faut-il le préciser - nous sommes ici sur une série initiée par les producteurs de Rogue One.
Et ce ne sont pas quelques cordes de ci de là ou quelques cuivres, qui sauveront l’ensemble à ce niveau stupéfiant de non-sens, alors que nous allons de consternation en stupéfaction.
À la vue du show, douze épisodes d’une lenteur affligeante et d’un manque d’intérêt total - nous allons y revenir - la musique est soi absente soi hors sujet.
ET MAINTENANT…
Le show en lui-même, outre les critiques déjà formulées, est vide d’action, vide de péripéties - et les péripéties c’est Star Wars ! - nous infligeant un pensum lourd et indigeste où nous allons de digressions en digressions. Entre les démêlées de Mon Mothma (un des leaders rebelles pour ceux qui l’auraient oublié…) avec son époux, une fille qui la méprise, une cousine secrètement affiliée à la rébellion, entre un Cassian Andor aussi charismatique qu’un Jean Claude Van Damme à ses débuts ; on se pose la question existentielle : dans quoi sommes-nous ?
J’avoue que rien ne me vient à l’esprit… Car entre ré-habillage ou refonte du mythe Star Wars assaisonné d’une pointe de dénonciation contre les régimes totalitaires, d’une touche d’anticipation à la Georges Orwell, sans oublier la critique sociale ; de quoi s’agit-il ? De Science-fiction… d’accord, c’est une façon de la traiter et certains films d’anticipation justement sont bâtis de la sorte, comme Fahrenheit 451, Brazil, 1984, Soleil Vert… et tant d’autres.
Mais est-ce de la Science-fiction dans le sens où Star Wars la représente à nos yeux ? On parle alors de Space-Opéra ! Mais comment expliquer à un studio comme Disney, à des producteurs ayant œuvré sur un métrage reconnu comme l’un des meilleurs Star Wars Story… du pur space-opéra (Rogue One), ou à des réalisateurs sans oublier le compositeur ; que leur approche est mauvaise ? NON, ce n’est pas Star Wars !
Le space-opéra c’est avant tout de l’aventure aux sens épique, dramatique, de l’emphase dans le mode et l’expression. Certainement pas une reprise de quelques lieux connus, de nombreux décors (superbes) et d’endroits totalement originaux où les briques et le métal se mélangent et où à la vue de ces endroits nous nous retrouverions presque dans les sombres et inquiétants tunnels sur Fiorina (Fury 161) dans Alien 3.
Curieux donc d’essayer de rappeler à des gens que ce terme de Space-Opéra est leur création… Curieux donc de voir à quel point ils méconnaissent le sujet ; et on ne rappellera jamais assez que sans culture, on n’est rien ; n’hésitant pas à jeter à terre un phénomène universel (ce qu’est Star Wars), une saga emblématique, en la déclinant dans une histoire mal fagotée, parsemée d’un patchwork d’éléments aussi disparates qu’opposés.
Techniquement on est à un niveau au dessus de maintes séries - voire même de Boba Fett dont le côté Kitsch nuit par moment à l’esthétique globale, le show nous promenant dans certains endroits particulièrement beaux ou originaux, comme ces ensembles industriels (fortement inspiré par cette architecture massive d’après la seconde guerre mondiale), ou ces habitats monumentaux s’érigeant vers le ciel tels des ruches ; mais qui bien souvent ne sont là que pour meubler, alors qu’il aurait été judicieux de déambuler un peu plus dans leurs méandres. Les costumes sont simplement superbes, les tenues de certaines milices renvoyant aux heures sombres du fascisme, et quoi de plus normal quand on voit les tenues d’officiers de la flotte impériale avec les culottes de cheval qui viennent tout droit de l’Allemagne nazie… Que de bonnes idées, des déclinaisons de choses vues et intégrées par notre esprit et qui restituées tout du long, donne cette impression pas seulement de déjà vu, mais de quelque chose de familier et rassurant. Mais cependant tout cela ne constitue pas grand chose, si ce n’est pas mis au service d’une histoire forte et inspirée. Car là ou se situe le problème majeur, c’est dans la continuité et par extension dans le montage - bien trop saucissonné - ceci se faisant au détriment de la fluidité même de l’histoire, répartie sur douze épisodes.
Cette durée trop longue, aurait mérité d’être ramenée à un minutage raisonnable, soulagée des péripéties parallèles et inutiles. S’ajoute la qualité contestable du jeu d’acteurs qui impacte bien évidemment la série - des premiers rôles au seconds-rôles, tous discutables - à de rares exceptions !
Le summum de ce développement, sera que sur une bonne partie du show, Cassian Andor sera interné dans une prison de top niveau (celles que les scénaristes américains affectionnent), où là nous tombons dans le genre bien connu du film carcéral ! Et c’est là, que sur plusieurs épisodes, entrecoupés des démêlées existentielles de Mon Mothma (on y frise le film sociétal et la caricature, avec (je vous jure) la crainte du « fisc », en fait que l’Empire découvre qu’elle a utilisé une partie de son argent à des fins inconnues… ça ne s’invente pas) ; on découvrira le meilleur personnage de la série interprété par Andy Serkis dans le rôle de Kino Loy, un des superviseurs des équipes de prisonniers.
Autant vous dire que je suis en désaccord complet avec nombre de mes confrères qui ont encensé la série. Ici, c’est clairement démontrable - et toutefois, je rappelle que chacun a droit à son opinion - le show n’est ni du Star Wars, ni même une série d’action, et encore moins une série digne d’intérêt. On peut prendre la peine de la comparer avec la série Boba Fett, où l’action ne manque pas, et aussi critiquable soit-elle ! ; ou du Mandalorien qui nous a offert quelques excellents épisodes et qui revendique haut et fort (malgré quelques ratés) son statut de série Star Wars ; voire de Kenobi, qui des trois séries citées en comparaison est sans doute la meilleure, ceci incluant le score de Natalie Holt avec la collaboration de John Williams pour le thème principal et de William Ross (une pointure tout de même).
En dernier lieu, il faut savoir que le co-scénariste Dan Gilroy (frère du show-runner Tony Gilroy, ça aide ?) a à son actif seulement 10 films (vous avez bien lu) sur plus d’une trentaine d’années d’activité ! On me parlera d’osmose, je parlerai pour ma part de népotisme. Ce qui au final lorsqu’on arrive avec un show décevant qui aurait dû fonctionner et ravir les fans, relève du crétinisme… mais qu’attendre de la part de décisionnaires dont le seul intérêt a été, est, et sera, de faire de l’argent ?
Sylvain Ménard, décembre 2022
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