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Sorti le 22 mai sur nos écrans, ‘CHIEN BLANC’ de la réalisatrice Anaïs Barbeau-Lavalette entame sa troisième semaine de présence.
11 juin 2024 à 09h11
Retour sur ’CHIEN BLANC', film que nous avons qualifié de petit chef d'œuvre. Alors qu’il est toujours complexe de diffuser un film tel que celui-ci, soulignons l’investissement des propriétaires de salles, cinémas indépendants, complexes et autres, qui ont programmé ce métrage et continuent à le proposer.
La réalisatrice québécoise Anaïs Barbeau-Lavalette nous a livré une adaptation assez remarquable, que nous avions particulièrement encensée à Cinémaradio. L’occasion vous est donné de pouvoir découvrir en salles cette histoire et ces excellents acteurs.
Il serait étonnant de vouloir cataloguer le film d'Anaïs Barbeau-Lavalette autrement que comme une biographie, et probablement un peu rapide de n’y voir rien d’autre qu’un constat amer sur les conflits raciaux aux États Unis, et sur ce qui semble n’avoir jamais changé, sur ce qui occupe bien trop souvent l’actualité américaine.
S’il est vrai que le sujet, remarquablement traité, fait un évident parallèle avec cette actualité dont nous venons de parler ; les émeutes, l’engagement des sportifs (Colin Kaepernick), Black Live Matters… et tant d’autres ; il reste une adaptation du roman semi autobiographique de Romain Gary et de cette période charnière qu’il vécut avec son épouse l’actrice Jean Seberg, alors qu’il était en poste aux USA.
Le film se regarde comme on regarde un thriller ou un drame, qui se répartit entre les péripéties liées à ce chien blanc qu’essaie de sauver Romain Gary, ces moments qui font référence à la violence ordinaire, et ceux qui suivent les pérégrinations de Jean Seberg, perdue dans un combat qui peut parfois sembler ambiguë !
Notons que le film connut une première adaptation sous la houlette experte de Samuel Fuller, le film White Dog traduit pour l’occasion en français par Dressé pour tuer, et en 1982, l’histoire n’avait pas le même impact.
Le cinéma américain (concerné au premier chef, si j’ose le terme) s’est accaparé ce sujet avec plus ou moins de bonheur, et ce dès le milieu du vingtième siècle. Sans dresser un tableau exhaustif des réalisations portant sur le thème - le racisme, la place des noirs américains, les procès et les affaires diverses (fréquemment calamiteuses), et plus rarement de belles chroniques ou des histoires d’amour - ; voici quelque titres, relevant de choix très personnels, et qui sont parmi les films à voir.
S’il faut compter avec quelques titres dans les années soixante comme Du silence et des ombres (To Kill a Mockingbird) en 1962, et bien sûr Dans la chaleur de la nuit en 1967, nous noterons que les réalisateurs ont fréquemment emprunté le chemin des prétoires et de la justice afin d’argumenter et de poser leur script.
Quelques grands films parsèment la fin des années quatre vingt, La Couleur pourpre en 1985, ou Mississippi Burning en 1988.
Nous mentionnerons au détour, Made in America en 1993, et cette très jolie comédie Corrina, Corrina en 1994 (avec Whoopi Goldberg et Ray Liotta), et dans un autre genre l’excellent Le Droit de tuer en 1995 et pour conclure Les Fantômes du passé en 1996. Et nous nous arrêtons là, la production n’ayant pas cessé de traiter (et c’est tant mieux) de ce sujet fondamental et sociétal.
Autant de thèmes, et de traitements différents, sur un sujet qui porte sur un mal américain : le racisme, la ségrégation, l’ostracisme !
Nous avons pour notre part une certaine tendresse pour les jolies comédies - à l’instar de Made in America ou Corrina, Corrina - qui auront toujours le bénéfice de nous toucher directement, car ce sont des romances (vous l’aviez remarqué), et d’une approche par la même plus aisée.
Chien Blanc est sorti le 22 mai et est toujours sur les écrans.
Synopsis : 1968 - Etats-Unis. Martin Luther King est assassiné et les haines raciales mettent le pays à feu et à sang. Romain Gary et sa femme l’actrice Jean Seberg, qui vivent à Los Angeles, recueillent un chien égaré́, dressé exclusivement pour attaquer les Noirs : un chien blanc. L'écrivain, amoureux des animaux, refuse de le faire euthanasier, au risque de mettre en péril sa relation avec Jean, militante pour les droits civiques et très active au sein des Black Panthers.
Sylvain Ménard, juin 2024