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POUMON VERT ET TAPIS ROUGE : UN FILM DE LUC MARESCOT
28 novembre 2020 à 11h05
Si Luc Marescot ne nous est pas inconnu, c’est parce qu’il co-écrivit Amazonia en 2013, co-réalisa Frères des arbres en 2016 et nous offrit le remarquable 700 requins dans la nuit en 2018. Documentaliste aux multiples talents, il nous emmène avec lui dans cette grande aventure, qui ici prend des airs de parcours du combattant ; produire un film, mais pas n’importe lequel : sur l’écologie, le combat pour les forêts primaires, la nature avec un grand ‘A’. C’est sa rencontre avec le botaniste Francis Hallé qui aura déterminé cette envie de mettre en scène cette histoire, presque un film à l’intérieur du film.
Brillamment « mis en scène », de sorte qu’on se demande parfois si nous sommes encore sur un documentaire - ce qui serait le cas - et dans le même temps sur un film qui nous fait suivre les tribulations d’un réalisateur à la recherche de son producteur - un film alors ! ; Poumon vert et tapis rouge assume tout cela à la fois, dans cette seule volonté de nous inciter à réfléchir par le biais de cette incursion dans ces deux mondes : le réel avec cet étonnant botaniste, l’imaginaire avec ses actrices, acteurs, producteurs, scénaristes ! Mais où s’arrête l’un et où commence l’autre ! Où commence la véritable quête, celle d’avoir la capacité de consacrer son œuvre, son projet, et enfin de le produire et le réaliser ; où est alors le véritable projet, cette défense de la nature et de notre monde ?
Tout ceci est de fait formidablement bien imbriqué, pensé avec une réelle efficacité et un « quasi » machiavélisme dans l’approche et le développement qui ne peuvent que nous amener à une seule conclusion ! Réalisé de main de maître par Luc Marescot, Poumon vert et tapis rouge s’offre le luxe de nous interroger sur notre volonté, celle de souhaiter défendre notre monde, et nous offrira dans le même temps une double plongée au sein des arcanes d’une production cinématographique (la sienne propre) et d’un discours porté par des personnes compétentes et informées.
Alors est-ce que Luc Marescot démontre plus là notre incapacité à trouver un vrai sujet - un enjeu - qui en vaille la peine et qui au delà des barrières, celles de la vraie vie et celles du cinéma ; serait un sujet porteur, qui animerait les foules ? Excellente question, qui par ailleurs est soulevée par Nicholas Hulot lorsqu’il parle du AVATAR de James Cameron, Cameron lui même explorateur, personnage impliqué et souvent incontournable d’une forme d’écologie ; et souligne les problématiques liées aux sujets, à la personnalité ou bien à l’ambition desdits sujets ; tout ça afin de frapper les spectateurs. Car c’est bien là le discours auquel nous assistons : pouvons-nous créer un film qui relève d’une certaine forme de fantaisie, qui passera le cap des producteurs, distributeurs, actionnaires ?
Finalement son film représente plus une forme de pamphlet, une dénonciation d’un système inapte à s’insurger, et ce quel qu’en soit le sujet. Car de péripéties en péripéties, égratignant au cours du voyage autant l’industrie du cinéma que l’absence de conscience de nombre de gens ; Luc Marescot pose un réel discours, et par le biais d’une fantaisie nous invite à une réflexion profonde, un retour sur nous mêmes, nos besoins, nos envies et la vacuité de certaines décisions. Ce film à bien des égards, outre ses qualités intrinsèques, est un bien bel exemple de ce que l’on peut montrer, de ce qu’un réalisateur inspiré peut avoir à cœur de faire ressentir. Loin de ces discours alambiqués, ces histoires de chiffres ou ces histoires de pouvoir ; Luc Marescot démontre avec une réelle perspicacité et du talent, à quel point les choses peuvent sembler prodigieusement proches du précipices, et dans le même temps à quel point on pourrait dès à présent modifier facilement, parler clairement, montrer et sensibiliser !
Rarement un film documentaire aura été aussi direct et intelligent dans sa démarche. Souhaitons-lui d'être projeté rapidement et surtout souhaitons-lui le plus de succès possible !
Synopsis : Pour aider Francis HALLÉ dans son combat pour sauvegarder les dernières forêts tropicales, un documentariste passionné de nature décide de réaliser son premier film de cinéma : « THE BOTANIST », un thriller écologique avec Leonardo DiCAPRIO. Il trace son chemin avec malice, obstination, et découvre, avec candeur, les arcanes du septième art. Même s’il ne lâche jamais rien, son film existera-t-il un jour ?
Technique & réalisation
Réalisation, images et son : Luc MARESCOT
Chef Monteuse : Laurence BUCHMANN
Chef monteuse : Annie COPPENS
Chef Monteur : Alexis BARBIER-BOUVET
Monteur Conformation : Kevin BILY
Assistant monteur : Florian CHOMIENNE
Musique Originale : Alan SIMON Studio Woodbox Marco CANEPA
Storyboarder : Loic FONTIMPE
Équipe de post-production HIVENTY 17
Responsable de site : Sylvie ANTONIONI
Assistant technique : Antoine MAY
Assistant technique : Aurélien MOTARD
Enregistrement voix : Nicolas HUGUES
Sylvain Ménard, novembre 2020