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Les Fantômes d'Istambul de Azra Deniz Okyay, sort sur les écrans le 23 août

20 août 2023 - 20:00
La réalisatrice turque Azra Deniz Okyay qui est née à Istanbul, souhaitait offrir une histoire qui rapporterait au monde pas seulement ce qu’est le quotidien de cette ville, mais évoquerait la complexité de la vie en Turquie, l’accroissement de la pauvreté ou la perte de certaines libertés essentielles…
Un vaste sujet qui prendrait la forme d’un thriller au spectre scénaristique large, et ce afin de montrer la réalité des choses mais également la résilience et notamment celle des femmes. Une histoire où cohabiteraient les réflexions sociétales, économiques et religieuses.
On sera toujours étonné d’avoir dû attendre presque trois ans - le film date de 2020 - avant de pouvoir le visionner. Il reste vrai que la pandémie n’aura rien arrangé à l’affaire et que le sujet évoqué n’aura sans doute pas attiré immédiatement les distributeurs.
C’est presque une fiction, dystopique reconnaissons-le, à laquelle la réalisatrice nous convie, renvoyant une image bien éloignée d’un monde ouvert aux autres et prospère. La réalisatrice brasse ainsi les thèmes, de la condition de la femme à l’impact de la religion sur la vie, jusqu’à cette évidence que représente la paupérisation et la gentrification, phénomène bien connu qui fait souvent dire aux dirigeants de pays que les conditions s’améliorent puisque les habitants sont issus de couches plus aisées… Oui, mais à quel prix ; et comme le souligne la réalisatrice, si ce n’est en oubliant les moins aisés, et en augmentant la précarité.
Aussi ce constat, celui d’un pays qui se partage entre orient et occident, entre traditions et nécessité d’évoluer ; est la pierre d’achoppement de ce changement, qui dans le regard de Azra Deniz Okyay prendrait la forme d’une stagnation.
Bénéficiant d’une jolie couleur et d’une belle photographie, Les Fantômes d'Istambul nous adresse un message de résilience, un message qui porte en lui l’espoir de voir s’améliorer les conditions de vie dans ce pays, et un avertissement aussi afin de ne pas céder à la morosité et de continuer à aller de l’avant en surmontant les obstacles.
Sur fond de panne géante d’électricité et d’émeutes, la réalisatrice brosse un portrait réaliste d’Istanbul, et dénonce ce faisant nombre des travers d’une société en constante évolution, souvent freinée, souvent brimée.
Et en cela le film réussit à nous interpeller en nous présentant des personnages avides de liberté, et ressentant le besoin d’appartenir à un pays et d’œuvrer dans un sens commun.
Synopsis : Istanbul, dans un futur proche. Alors que la ville est en proie à des troubles politiques et sous la menace d’un black-out, Dilem, une jeune danseuse activiste, croise le destin d’une mère dont le fils est en prison, d’une artiste féministe et d’un trafiquant rusé au cœur d’un réseau d’arnaques immobilières. Leurs histoires s’entremêlent, offrant un portrait saisissant de la Turquie contemporaine.
Les Fantômes d'Istambul, Ghosts (Hayaletler)
Co-production: Turquie, France, Qatar ; durée : 90'
Réalisation : Azra Deniz Okyay
Scénario : Azra Deniz Okyay
Acteurs : Nalan Kuruçim, Dilayda Günes, Beril Kayar, Emrah Ozdemir
Directeur de la photo : Baris Ozbicer
Montage : Ayris Alptekin
Décors : Erdinc Akturk
Costumes : Burcu Karakaş, Sedat Çiftçi
Musique : Ekin Uzeltuzenci
Producteur : Dilek Aydin
Coproducteur : Marie-Pierre Macia, Claire Gadéa
Production : MPM Film (Movies Partners in Motion Film), Heimatlos Films (TR)
Sylvain Ménard, août 2023