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LA GUERRE EN UKRAINE : ET SI NOUS AGISSIONS AUSSI, À NOTRE FAÇON ? LE CINÉMA EST ÉGALEMENT UN OUTIL…

10 mars 2022 - 18:35
Soutenir l’Ukraine à sa manière paraît une chose évidente, alors que la barbarie semble à nouveau s’installer et que pour beaucoup d’entre-nous, l’impression qui prédomine est l’incompréhension et l’horreur. Tandis que les russes viennent de bombarder un hôpital et que le manque de réaction du monde est de plus en plus criant ; me vient à l’esprit cette citation de Rambo (citation tirée du premier film) « En ville, tu fais la loi. Ici, c’est moi. Alors fais pas chier. Fais pas chier ou je te ferai une guerre comme t’en as jamais vue » !
Cette citation qui s’appliquerait à ce que les russes font en Ukraine et au fait qu’ils sont dans un pays qu’ils envahissent et qu’il n’y a nulle légitimité dans leur action, est une bonne introduction à ce qui pourrait être une forme de résistance à l’envahisseur, un rappel des films qui ont depuis des décennies montré les uns et les autres attaquer, gagner puis perdre et se replier. Ce qui au final apparaît à nos sens endormis comme d’une banalité confondante, cette prolifération de conflits ; que ce soit en Afrique, en Asie, au moyen-Orient ; s’offre à nous dans une litanie sans fin de noms, de guerres souvent perdues et oubliées de tous.
Un peu d’histoire au programme…
Même si l’occident est observé d’un point de vue toujours positif - il n’aura échappé à personne que les films de réalisateurs américains sur leurs guerres perdues sont bien présents de Voyage au bout de l’enfer (The Deer Hunter, 1976) de Michael Cimino, à Outrages (Casualties of War, 1989) de Brian De Palma, Apocalypse Now (1979) de Francis Ford Coppola, ou encore Hamburger Hill (1987) de John Irvin… et ce ne sont que quelques exemples.
Pas si sûr que les russes aient fait preuve d’autant de sincérité dans leurs démarches…
On citera Le 9ème Escadron (Deviataïa Rota, 2005) de Fiodor Bondartchouk, le quasi inconnu Leaving Afghanistan (2019) de Pavel Lounguine, Cargo 300 (1989) réalisé par Georgiy Kuznetsov, qui quant à lui présente les soldats russes comme les ‘gentils’ de l’histoire ! Du moins les américains auront-ils reconnu leurs erreurs avec la guerre du Vietnam.
On notera également que de nombreuses productions russes assez récentes sur la seconde guerre mondiale - et ce même si le contexte est totalement différent - n’ont fait que souligner le ‘courage et la résistance’ des équipages et soldats soviétiques ; n’oubliant pas de sacraliser au passage la guerre malgré tout ce qu’elle peut avoir d’abject et d’irrévocable ! Et non, nous ne parlons pas d’une forme de ‘propagande’ et de ‘revisite’ de l’histoire… quoique !
Ceci dit, il est difficile aux yeux d’un habitant de ce monde de ne pas constater que les dernières guerres et invasions allant à l’encontre du droit des nations et des individus, sont quasi exclusivement à l’origine le fait des russes, et nous ne parlons plus de films et de scénarios ! Rendons à César ce qui est à César, L’Irak reste une invasion de l’armée américaine à tout point de vue - et il n’est pas sûr que la raison principale en était la folie d’un homme - ici Saddam Hussein ! Les américains ont fait ce qu’ils font de mieux, prendre possession des infrastructures, négocier des contrats et donner une image de ‘bienfaisance’. C’est là ou les scénaristes et producteurs ne s’y sont pas trompés puisque de nombreux films et séries (NCIS notamment) ont relayés avec pertinence ces faits et en ont profité dans le même temps pour égratigner au passage la NSA, et les lois d’exceptions !
Quelques films à voir…
Voyons à présent une courte liste de métrages à visionner en cette période agitée, ceux qui nous montrent un pays redevenu, de son propre fait, notre adversaire : la Russie !
À la poursuite d'Octobre rouge (1990) de John McTiernan, est un film tiré du roman de Tom Clancy, et montre avec une relative acuité les excès du système d’alors, les manœuvres et manipulations diverses entre les deux camps.
Dernièrement nous aurons eu droit à un nouvel opus de Jack Ryan (le personnage de Octobre rouge), The Ryan Initiative (2014) mis en scène par Kenneth Branagh, lui même interprétant le méchant russe de l’histoire.
Et pour ceux qui s’attachent à l’histoire ; avec un scénario, une écriture intéressante et des rebondissements notables ; qu’ils aillent vers Wargames (1983) de John Badham.
Une mention toute spéciale au film russe Le soviet (1985) réalisé par Mikhail Tumanishvili, et qui s’avère être une réponse à la saga Rambo - et notamment au second film, qui voyait John Rambo (sur un script de James Cameron) retourner au Vietnam, ‘flanquer une raclée' aux vietcongs, avant de décimer une brigade entière de force d’intervention russe.
Mais tout ça va se conclure avec le troisième opus Rambo 3 (1988), réalisé par Peter MacDonald, qui vaut le détour pour ses scènes d’action, son humour (parfois à contre emploi) et surtout ses répliques cultes… « Mais pour qui prenez vous cet homme ? Pour Dieu ? - Non, Dieu aurait pitié, pas Rambo » ! L’adversaire dans ce film - quoi d’étonnant - est bien la Russie.
Attention quand on parle de mention spéciale pour Le Soviet, il s’agit probablement plus de celle décernée aux Razzie Awards qui récompensent les pires films. Et de fait Le soviet, métrage mal filmé et mal joué, est creux et finalement s’inscrit dans la catégorie des ’NANARS’. Le problème était déjà la production en réponse aux attaques de Hollywood, et surtout le budget alloué - pitoyable, même pour l’époque - qui n'avait en rien aidé.
N’oublions pas quelques méchants typiques russes (et ne représentant pas nécessairement l’état Russe), dont les comportements renvoient à ceux de périodes passées, de la guerre froide au début des années deux-mille, avec cette touche de nostalgie ‘rouge’, nous offrant quelques personnage excessifs et méchants comme Hollywood les adore… dans : Goldeneye (1995) de Martin Campbell, Le Pacificateur (1997) de Mimi Leder, La Somme de toutes les peurs (2002) de Phil Alden Robinson, même le personnage du Saint s’y prêtant dans le film du même nom en 1997, signé Phillip Noyce ; et dans l’excellent Mission impossible: Protocole fantôme (2011) de Brad Bird. Citons encore L'Aube rouge : deux versions et deux réalisateurs, en 1984 John Milius, en 2012 Dan Bradley. Ici l’histoire est celle d’une invasion en territoire américain, pour le premier les russes, le second (actualité de l’époque) ce seront les nord-coréens.
Et comme la guerre froide a été citée, voici un acteur - oh combien américain (avec de nombreux excès et s’avérant être une véritable caricature en soi, militant pro-armes,…) - qui nous offrira quelques prestations remarquées (pas nécessairement remarquables) et dont la filmographie est on ne peut plus parlante, j’ai nommé : Chuck Norris !
Rapidement, la liste de ses meilleurs (?) films : En 1984, Portés disparus (Missing in Action) de Joseph Zito , suivi en 1985 d’un second opus intelligemment intitulé Portés disparus 2 (Missing in Action 2: The Beginning) de Lance Hool ; et surtout en 1985 de Invasion U.S.A. toujours signé de Joseph Zito. Roi du cinéma pop-corn par excellence, porte parole du cinéma de l’époque Reagan, celle de la guerre froide, Chuck Norris est l’ami des peuples qui souffrent de la violence de l’envahisseur; qu’il soit vietcong avec les deux volets de Portés disparus, ou russe avec Invasion U.S.A. et son psychopathe de service nommé Mikhail Rostov aidé par des guérilleros extrémistes communistes.
Toujours dans cette optique de guerre froide, il serait compliqué de faire l’impasse sur un classique du film d’espionnage : Le Rideau déchiré (Torn Curtain) signé Alfred Hitchcock et sorti en 1966. Même si une certaine forme de propagande anti-soviétique est visible, elle ne porte pas préjudice à la réussite du film. Notons qu’à l’origine Bernard Herrmann qui avait composé la musique se vit rejeté au profit de John Addison. On pourra regarder aussi L’Étau (Topaz) toujours du maître, et sorti quant à lui en 1969.
Soulignons en dernier lieu que l’industrie du cinéma ukrainienne est également partie en guerre, combattant ou aidant la population et que le producteur ukrainien Denis Ivanov appelle au boycott du cinéma russe. Nous ne dirons rien des bombardements aveugles sur les musées et lieux de culture qui ne visent qu’à une chose, la disparition non seulement physique mais également intellectuelle d’un peuple et sa ‘dilution’ dans la fédération Russe.
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Sylvain Ménard, mars 2022