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‘La Fille et le Garçon’, un film assez inclassable signé Jean-Marie BESSET au cinéma le 21 juin

19 juin 2023 - 10:00
'La Fille et le Garçon' de Jean-Marie Besset, tiré de sa pièce de théâtre, sort en salles le mercredi 21 juin. S’inscrivant dans un contexte de société moderne, celle d’un vingt-et-unième siècle qui revendique avant d’assumer, La Fille et le Garçon est une parabole sur la vie de couple - la vie de deux couples - s’apprivoisant, se découvrant, mais au sein de deux cellules contrariées ; bourgeoise et ouvrière, française et migrante.
Brassant divers thèmes, et malgré le souhait du réalisateur de ne pas en faire un essai sociologique, le métrage décrit une histoire où se côtoient réflexions sociales et sexuelles, évoquant au passage la prostitution, le sexe, la religion, la culture ; allant ce faisant vers des considérations relatives aux français et aux migrants. Souvent d’une approche radicale, comme ses personnages jusqu’au-boutistes, parfois caricaturaux, le film offre de beaux plans et un jeu d’acteur intéressant ; les citations et les références en faisant un film destiné à un public averti.
Et en parlant de « public averti », le sujet du film et son positionnement sociétal - comme souhaité et montré par Jean-Marie Besset - dans ce qu’il nomme « les bases concrètes d’un nouvel idéal amoureux » ; en fait un film non pas destiné seulement à un public averti, mais bien à un public sans doute en partie composé de libertins, de bourgeois (curieuse approche) et de personnes concrètement à la recherche de sensations, d’aventures…
A trop vouloir brasser des thèmes, le langage, la culture (son accès, sa diffusion), Jean-Marie Besset radicalise son propos, l’amenant vers des horizons qui dépassent le simple cadre cinématographique…
Du cinéma expérimental, pas encore ; du cinéma d’art et essai, certes oui. Alors le spectateur, pris dans cette approche, pourra être dérangé par une caméra voyeuse qui accompagne les instants de relâchements, mais également celle de ces corps entrelacés. De même regrettera t-il cette apologie du fameux ‘sexe, drogue & Rock’n Roll’ !… Car soyons honnêtes cette vie de fantasmes (ou non) est celle de privilégiés qui veulent et peuvent - s’adonner par goût, envie d’expériences autres, ou par sincérité, à des formes nouvelles de rapports.
Le jeu également un peu théâtral des acteur - sûrement voulu, puisque adapté de la pièce de théâtre justement - renforce cette impression d’abandon (avec des limites toutefois), mais que ne peuvent se permettre que des privilégiés.
Avons-nous manqué l’objectif central du film, ce à quoi il était destiné ? Sans doute est-ce possible, mais plus probablement, les perceptions ressenties, les images renvoyées sont-elles de fait tellement ciblées - si on ose employer le mot - qu’on se demande en quoi une « expérience » d’échanges, représente un idéal amoureux ? Au delà de l’image, des choix des uns et des autres, ne se profile à l’horizon qu’une énième déclinaison sur la sexualité, les années soixante-dix en étaient emplies, chose qu’accentue une musique très connotée, la bande son faisant penser à ces films érotiques italiens de 70 et 80.
Au final, que nous ayons raté ce rendez-vous avec ce film n’est guère le plus ennuyeux ! Dans les faits c’est plus qu’à ce stade il renvoie à beaucoup trop de clichés ; qu’ils soient sur la bourgeoisie, sur les faux amateurs de culture, sur la possession et l’exclusion également. Se greffant aussi l’impression qu’à trop vouloir mélanger les sujets, le réalisateur perd son spectateur. Le sujet d’origine faisait l’objet d’une pièce de théâtre ; son adaptation au format cinématographique en le rendant plus réel et moins théâtral, en fait alors un objet plus trouble, trop sérieux et désireux de convaincre.
Synopsis : Malina, une jeune immigrée iranienne, rend visite à Jean, dans son bel appartement du centre-ville. Elle veut savoir pourquoi son petit ami Denis, qui fait des travaux chez Jean, s'attarde après ses heures, jusqu'à prendre sa douche devant Paula, la femme de Jean. D'étape en étape, Jean et Paula vont apprendre à connaître Denis et Malina, glissant de la prostitution à l’amitié, de désirs inavoués à une affection plus sincère, de l’amour enfin à la famille, famille d’un genre nouveau, désir d’enfant compris. Dépassant épreuves et tabous, ce quatuor pose en grande liberté, charnelle et intellectuelle, les bases concrètes d’un nouvel idéal amoureux.
Sylvain Ménard, juin 2023
TECHNIQUE :
Mise en scène, scénario et dialogues : Jean-Marie BESSET
D’après la pièce : La Fille et le garçon de Jean-Marie Besset
Collaboration au scénario : Régis de MARTIN-DONOS
Contribution au scénario : Jérôme PRIGENT de l’Oratoire
Musique : Luc ROUGY
Image : Théo LOPEZ
Son : Mathieu ORBAN
Décorateur : Patrick MONTAGNE
Costumes : Marie BELTRAMI
Maquillage SFX : Lola HEQUILY
Effets spéciaux : Guillaume CASTAGNÉ
Production déléguée : Gilbert DESVEAUX
Production : BADOCK FILM
Distribution : PANOCEANIC FILMS
CASTING :
Arielle DOMBASLE : Paula
Aurélien RECOING : Jean
Louka MELIAVA : Denis
Mina KAVANI : Malina
Jérôme BARNOUIN : Le gardien
Axel HEMERY : Le conservateur du musée
Jean VARELA : le prêtre
Mary-Louise BESSET : la mère de Jean
Jeannette SANCHEZ : la marraine de Jean
Louis CROUX : le parrain de Jean
Fabienne MANCIP : la femme du gardien
Voix OFF :
Philippe GIRARD : le Président du tribunal