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Jeune Juliette, la surprise de cette fin d’année !
13 décembre 2019 à 16h00
On dit que décembre est propice à la bonne humeur (ou du moins le devrait) et au bonheur ; car c’est là que Noël arrive et où tout un chacun devrait se trouver dans un certain état d’esprit ! Alors, oui nous avons une bonne nouvelle, le film Jeune Juliette de Anne Émond est un bijou, une ode à la vie et à ce bonheur qui nous semble si rare.
Y a t-il une raison particulière au fait que nous nous sentions emportés, transportés quasiment, par un film ? A la question que je posais à Anne Émond quant à la part personnelle d’elle en Juliette, ses souvenirs et ses impressions, ou les intentions qu’elle avait au départ, sa réponse fut on ne peut plus simple : oui, il y a une part d’elle même dans Juliette, une part aussi transposée et améliorée, comme cette description d’un père avec lequel elle avait une relation exceptionnelle et qui partit trop tôt !
Juliette est un « énorme » film, une claque et ce même si ce mot peut sembler trivial, et est ce qu’on nomme un Feel Good Movie (je ne traduirai pas) ; comme on n’en avait pas vu depuis longtemps - Love Actually (qui date de 2003) étant le plus récent peut être - et arrive enfin sur nos écrans !
Juliette est une jeune fille de 14 ans qui croît en ses rêves et vit jusqu’à présent une vie normale, avec quelques petits soucis ; son manque de popularité au collège, son surpoids, ses amis… Mais Juliette c’est surtout une jeune fille drôle et parfois irrévérencieuse, dont quelques certitudes vacilleront en cette fin d’année…
C’est un film intelligent et sensible, aux antipodes de beaucoup d’autre métrages et surtout moins axé sur les problématiques parfois virulentes des français. Chose étrange, on n’y parle quasiment pas de portable ou de violence - les québécois semblent si différents par moment de nous autres européens - presque plus humains, et au final c’est d’une grande fraicheur pour le spectateur. Il y a d’ailleurs beaucoup d’espoir et de bons sentiments que les dialogues reflètent parfaitement, nous permettant de ressentir comme une vivacité dans le jeu des jeunes actrices (et acteurs), une grande sincérité dans la liberté d’interprétation des personnages. Anne Émond sans contester une certaine cruauté, préfère s’axer sur le caractère positif de chacun, sa foi et ses espérances… et en cela sans cynisme, sans avoir besoin de donner des leçons, la réalisatrice nous offre un beau message et comme elle le dit elle même : ce n’est pas le monde des bisounours, mais je voulais quelque chose de beau, de bienveillant.
La période où se déroule le film est aussi dépeinte avec beaucoup de tendresse, et notamment ce rapport à notre enfance disparue, notre adolescence, où l’on ressent presque de la nostalgie et le choix de la bande-son, incluant la musique composée par Vincent Roberge et jusqu’aux morceaux de pop que l’on entend, renforcent cette impression.
Une petite chose, qui a son importance : Juliette a un père qu’on peut estimer imparfait comme tous les pères, mais qui reste néanmoins présent et attachant, partageant avec sa fille une relation forte. Reflet d’une vraie vie, souvenirs personnels de la réalisatrice, cette image à elle seule est aussi puissante que rassurante et montre bien à quel point le film de Anne Émond est différent !
En guise de conclusion, on pourra souligner que Anne Émond connait ses classiques et a travaillé sa mise en scène avec précision, ceci étant visible tout du long de son métrage ; et ce ne sera pas la séquence finale dans le gymnase qui nous contredira. Cette scène renvoie à une évidente tradition hollywoodienne, accompagnée d’un retournement où l’on se libère de ses chaines et ou l’on se sent particulièrement bien, transporté par ces sentiments de plaisir et d’enthousiasme partagés.
La beauté est une chose indéfinissable dit-on ! Soyez en sûrs Jeune Juliette n’en manque pas, et au firmament des réalisateurs il faut maintenant compter avec Anne Émond qui nous aura permis de retrouver la saveur de ce plaisir si simple et pour autant si difficile à atteindre !
Crédits :
Juliette : ALEXANE JAMIESON
Léane : LÉANNE DÉSILETS
Bernard : ROBIN AUBERT
Arnaud : GABRIEL BEAUDET
Liam : ANTOINE DESROCHERS
Pierre-Luc : CHRISTOPHE LEVAC
M. Bernier : STÉPHANE CRÊTE
Malaïka : TATIANA ZINGA BOTAO
Serge : KARL FARAH
Maude : MYRIAM LEBLANC
Technique & réalisation:
Réalisation et scénarisation : ANNE ÉMOND
Production : SYLVAIN CORBEIL
Production déléguée : MARIE-CLAIRE LALONDE
Direction de la photographie : OLIVIER GOSSOT
Créatrice de costumes : CAROLINE BODSON
Direction artistique : SYLVAIN LEMAÎTRE
Montage : ALEXANDRE LEBLANC
Conception sonore : SIMON GERVAIS
Musique : VINCENT ROBERGE (Les Louanges)
Sylvain Ménard, décembre 2019