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INTERVIEW EXCLUSIVE DE EMMANUELLE BOUAZIZ, ACTRICE, DANSEUSE, CHORÉGRAPHE…

21 avril 2021 - 19:05
A l'occasion de la sortie de la nouvelle saison de CLEM, Emmanuelle Bouaziz interprête du personnage de ALMA dans la saison 10, revient sur son parcours et se confie à Cinémaradio à l'heure de la Covid et de cette parenthèse si étrange !
Personnalité riche et contrastée, Emmanuelle Bouaziz se livre sur son métier, ses passions et ses rencontres ; mais également sur certains sujet comme la place des femmes dans ce milieu du spectacle, ce qu'elle en voit, ce qu'elle en attend.
• Bonjour Emmanuelle Bouaziz et merci de nous accorder cet entretien pour Cinémaradio.
Emmanuelle Bouaziz : Bonjour ! Mais avec grand plaisir, je suis ravie !
• On a pu vous voir dans quelques films, quelques séries et des spectacles musicaux, des pièces ; vous travaillez beaucoup aussi pour la télévision. C’est un médium que vous appréciez ? Travailler sur une série pour vous c’est une histoire de flexibilité, plus qu’au théâtre ou que sur des spectacles ? Une histoire de visibilité peut être aussi avec de bonnes audiences ?
Emmanuelle Bouaziz : J’aime tous les univers, tous les moyens d’expression, à partir du moment où ça me permet de m’exprimer, de faire vivre des personnages dans de belles histoires, d’éveiller les consciences sur des sujets qui me tiennent à coeur et que tout soit partagé avec le public, sur écran ou en salles, c’est un plaisir fabuleux. En ce moment c’est extrêmement difficile et douloureux pour le spectacle dit 'vivant', justement là où la proximité est physique et directe avec les gens. Cette émotion, cette sensation vivante de partage sur scène, que l’on soit artiste, technicien ou public, sur scène ou dans la salle, est selon moi inégalable, irremplaçable et indispensable. C’est le but de la culture, l’ouverture, l’échange.
• Sur CLEM, on vous a vu jouer le personnage d’Alma, est-ce compliqué de jouer un personnages récurrent comme celui-ci ? Il occupe beaucoup d’espace et de temps avec une carrière aussi éclectique que la vôtre ?
Emmanuelle Bouaziz : Alma reste très proche de ma personnalité donc ce n’est pas complexe pour moi à jouer. Après pour être tout a fait honnête, plus je travaille plus je suis contente!
• Qu’est-ce qui vous a plu dans ce personnage ? Hormis la similitude avec ce qui est une de vos activités principales (haha !)
Emmanuelle Bouaziz : Haha! Qu’elle danse, c’est tout ! Non bien sûr pas que ça, même si ça reste évidemment très proche de moi. Sa féminité, sa force de caractère et sa détermination toute en subtilité. C’est une sacré chance de montrer avec élégance et sensualité le langage du corps. J’ai fait beaucoup de cabaret et de danses latines dans ma carrière de danseuse, je suis ravie de pouvoir faire passer tout ça à l’écran, de l’amener directement chez les gens, avec des plans larges, des gros plans, de la belle lumière...
• Emmanuelle, comment concevez-vous ces rôles de télévision que vous interprétez, comme pour CLEM ? Du fait de la production, de la durée des tournages, vous avez l’impression que vous le gérez différemment d’un tournage cinéma ?
Emmanuelle Bouaziz : Tous les tournages sont différents, télé ou cinéma. Il y a toujours des réalités de production, on est parfois content de travailler dans l’urgence et parfois content de prendre un peu plus de temps, c’est ça qui est génial, on ne vit jamais la même chose!
• On vous retrouve également dans des Soap-opéras anglais ou des séries ou mini-séries comme The White Princess ; comment vous êtes-vous retrouvée impliquée sur de tels projets ?
Emmanuelle Bouaziz : Je vivais à Londres à ce moment là, en faisant des aller-retours régulier avec Paris. J’ai d’abord eu la chance de décrocher le casting de Catastrophe réalisé par Ben Taylor qui produit et réalise la série absolument géniale Sex Education, et suite à la diffusion de cette série on m’a contactée pour les autres projets, ce qui est quand même une chance inouïe! Je rêvais de tourner une série d’époque! Et pouvoir jouer avec Caroline Goodall comme partenaire qui a travaillé avec Spielberg dans La Liste de Schindler ou Hook c’était tellement fou!
• Quels sont vos souhaits pour l’avenir proche ? Vous êtes très présente sur de nombreuses productions, finalement très différentes les unes des autres qu’on peine à vous cataloguer. On vous retrouve autant dans des spectacles pour enfants que sur des productions classiques tirées d’Offenbach, de Shakespeare !
Emmanuelle Bouaziz : J’aimerai un projet intense, ça laisse une ouverture pour plein de choses ! Haha, et si je devais préciser, un 1er rôle féminin plein de complexité, tendre et forte à la fois, dans une série, au cinéma ou même sur scène !
• Est-ce une évidence de dire que vous aimez mélanger les genres, aller vers tous les publics ? … on vous a retrouvé également au théâtre entre 2009 et 2011.
Emmanuelle Bouaziz : Oui et même en 2017-18 au Festival d’Avignon avec L’Adieu à la scène ! Je crois qu’il est nécessaire de s’ouvrir à tout, c’est mon coté caméléon curieuse !
• Emmanuelle vous parlez de 'grand rôle féminin' : au-delà de l'importance du rôle, c’est quelque chose qui nous interpelle et renvoie encore souvent à des considérations Femmes/Hommes !?
Emmanuelle Bouaziz : De moins en moins il faut l’avouer et c’est tant mieux ! Dans les séries notamment on peut trouver des rôles de femmes incroyables, fortes, indépendantes, féminines c’est extraordinaire. Dans l’entreprise, la famille ou plus globalement dans la vie. On est sur la bonne voie !
• Justement que ce soit le milieu du cinéma ou de la danse, de l’expression corporelle, ou une femme 'brillera' bien plus qu’un homme de par sa grâce ou sa féminité ; pensez-vous qu’à l’heure d’aujourd’hui, les femmes se voient ouvrir plus de portes ?
Emmanuelle Bouaziz : Je pense très sincèrement que beaucoup de choses bougent de par le monde. C’est un long processus, on n’est qu’au début et il ne faut rien lâcher.
• On a vu récemment les dernières cérémonies cinématographiques honorer surtout des hommes, mais l’absence des femmes était palpable ! Car hormis les actrices, les réalisatrices et les compositrices par exemple sont étonnamment ignorées, et même trop souvent à peine nominées ! C’est un sujet qui vous parle, qui est tabou ?
Emmanuelle Bouaziz : Ce n’est absolument pas tabou, c’est malheureusement un constat factuel et donc non négociable. Mais ça évolue, à pas de souris mais quand même. Ce n’est évidemment pas assez...
• En tant que femme dans ce 3ème millénaire, quel est votre point de vue sur ces 'conflits', les espoirs que vous avez quant à des évolutions ?
Emmanuelle Bouaziz : J’espère une prise de conscience collective, que les gens se rendent compte que le monde bouge, et qu’il faut bouger avec. Accepter et embrasser ces évolutions. Et paradoxalement il y a des endroits du globe ou les choses avancent vite, d’autre ou malheureusement ça régresse. Je reste toujours positive et pleine d’espoir malgré tout !
• Que peut-on vous souhaiter pour cette année encore marquée par la pandémie ?
Emmanuelle Bouaziz : Que tout le monde arrive à prendre le virage dans lequel nous nous trouvons, c'est très désagréable mais on devrait s’en sortir grandis !!! Et plein de nouveaux projets, et de belles audiences pour CLEM !
• Merci à vous Emmanuelle.
Mais non merci à vous ;) !
Sylvain Ménard, avril 2021
(Photos reproduites avec l'aimable autorisation de EMMANUELLE BOUAZIZ et de l'Agence French Lights, crédit : Laurence Guenoun)