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Complotisme et Pop Culture ; le troisième numéro de ‘FANTASK’ nous apporte quelques éclaircissements

21 juillet 2023 - 11:00
Dans un pays comme la France, qui fort curieusement (honte à nous) est loin d’être à la traine en matière de complot, d’histoires déformées et revisitées (nous n’avons pas parlé de révisionnisme), nous sommes souvent confrontés à des « énormités », des balivernes qui renvoient toutes à une seul constat : le complotisme est une affaire qui roule. Huginn & Muninn nous invitent à découvrir avec ce nécessaire 3ème numéro de FANTASK, entretiens, BD, articles ; en bref tout ce qu'il faut pour se forger une opinion sur le sujet devenu "sujet de petites fâcheries en famille », un thème dont le cinéma, la BD, les romans et l’art en général se sont emparés depuis bien longtemps.
À la télévision l’une des meilleures séries conspirationnistes fut Les Envahisseurs, suivi bien sûr de X-Files. Mais ce n’est que le sommet de l’iceberg, tant des parutions de livres aux films (les américains en sont particulièrement friands) nous fûmes spectateurs et lecteurs de tant et tant d’histoires, qu’essayer d’en faire un inventaire nous semble impossible. Cet excellent troisième numéro de FANTASK s’attaque à ce sujet sensible et tellement d’actualité. Souvenez-vous qu’entre la pandémie, le conflit en Ukraine ou certaines déclarations concernant la ‘visite’ d’un objet manufacturé dans notre système solaire (pour faire plus simple, « objet manufacturé » signifie vaisseau !) nous avons été abreuvés de révélations, d’exemples devant nous permettre de croire, ou d’accepter une réalité alternative !
Nous ne sommes pas ici pour en discourir, mais pour vous parler de ce n°3, passionnant au delà de toutes mesures ; avec ses interviews (celle de Chris Carter, créateur de X-files, à lire en premier), de bandes-dessinées, de récits et de retours sur des valeurs sûres comme la série Le Prisonnier avec Patrick McGoohan…
Les romans qui ne furent pas non plus en reste, ont gaillardement franchi la limite et ont été un terreau fertile pour nombre de générations, ce qui pose effectivement au jour d’aujourd’hui la question de la « relativisation », le fait d’arriver à faire la part des choses, en hiérarchisant les informations, en les intégrant de façon logique ; dès lors que tout un chacun fausse la donne en communiquant via les réseaux sociaux et s’octroie le rôle de ‘divulgateur’, de ‘pourfendeur’ de vérités !
Et nous n’oublierons pas de mentionner les journaux, dont certain élevèrent au rang d’art la déclaration fausse, complotiste ou carrément malveillante, comme avec The Sun.
Aussi avec un tel matériau, notre culture, sans oublier notre histoire, s’est-elle trouvée enrichie d’œuvres variées nous relatant maintes hypothèses, entre les pyramides, les extra terrestres, les sauriens (ceux qui ont survécus et se sont réfugiés dans le centre de la terre, comment vous ne saviez pas ?), catastrophes attendues et espérées par certains. Revenant sur de pures créations littéraires, de films qui nous ont marqué comme Invasion Los Angeles de John Carpenter qui avec la pandémie et le fameux contrôle sur nos vies revient à la mode, sur l’antisémitisme cher à nos anciens - ceux du XIX et début XXème - ou encore sur les Francs-Maçons, rien ne va plus dans ce monde qui est le nôtre.
Loin de n’être au final que la matérialisation d’une certaine forme de mécontentement, les thèses conspirationnistes sont bien souvent le reflet d’un mal de vivre ; et dans notre monde moderne où prolifèrent les sources de communications (à ne pas confondre avec l’information) autorisant tellement d’échanges, et de toutes sortes, sans que plus rien ne soit filtré, ce sentiment se renforce avec une sensation d’abandon et d’inutilité.
Ce superbe MOOK de plus de 220 pages est un condensé de nombreuses choses, mais ce sont surtout les artistes mis en valeur, les récits et les entretiens qui vous aideront à faire un point, très précis sur cette dérive (osons la qualifier ainsi), qui loin d’être récente a perduré et au fil du temps - des années, des siècles, voire des millénaires puisque nous en avons changé récemment - revient au gré des affaires, des guerres, des maladies !
Avec précision et en s’appuyant sur les paroles de scénaristes, comme avec Jean Van Hamme (la série XIII) ; des historiens ; des réalisateurs comme l’immense Oliver Stone (dans un étonnant entretien) ; des séries (nous avons arrêté de faire le compte, trop d’utopies, de dystopies, …) ; des films ; cet ouvrage brosse un portrait éloquent et argumenté, tant et si bien qu’il pourrait être donné à étudier en cours de secondaire et de faculté.
Excellents articles, plumes concises et incisives, belle mise en page, belle iconographie ; tout concoure à faire de ce n° 3, un numéro d’anthologie !
La revue FANTASK est une collection de l’éditeur Huginn & Muninn, éditeur que nombre d’entre vous connaissent pour ses Artbooks, Making-of de cinéma, sur Star Wars notamment.
Sylvain Ménard, juillet 2023