#PODCAST A l’occasion de la sortie du métrage Zibilla, Isabelle Favez s’est prêtée bien volontiers au jeu des questions & réponses sur ce long entretien. La réalisatrice suisse a partagé avec nous sa passion, nous racontant avec détails la technique qui a permis de faire vivre tout ce petit monde et comment il arrive aujourd’hui sur nos écrans ! |
Premier court métrage de la programmation, Tout là-haut de Martina Svojikova, entretient avec Zibilla ce même regard qu’on peut porter sur les problèmes liés à la différence. Ce joli conte de 13 minutes bénéficie d’une animation destinée aux petits et est basé sur de la 2D et du papier découpé. Nous assistons à la promenade d’une famille de girafes dans une forêt, tout se passant normalement jusqu’au moment où le girafon s’éloignera et se perdra, rencontrant alors les habitants. Touchant certaines cordes sensibles dont la différence, la migration des populations ou la solitude des individus, Tout là-haut confronte les animaux « exotiques » aux habitants de nos forêts.
Le Dernier Jour d’automne de Marjolaine Perreten, bénéficie d’une animation 2D par ordinateur et dure 7 min. Il nous frappe de part sa candeur et sa simplicité, nous ramenant vers notre enfance avec ce beau récit. Dans une approche « naturaliste » il voit divers habitants de la forêt se préparer à l’arrivée de l’hiver et pour ce faire préparent une course en usant de détritus abandonnés par l’homme, allant du cadre de vélo à un complet bric à brac. Au delà du discours écologique, il nous offre une histoire presque sereine, que viennent seulement troubler les préparatifs de leur course.
Enfin, parabole sur la solidarité et le courage, Zibilla (ou la vie zébrée) propose une aventure destinée aux jeunes enfants encore, mais sans ce regard condescendant ou décalé, ce qui en fait un programme intelligent et pédagogique. Ce court métrage de 26 minutes en 2D (ordinateur) accompagne l’arrivée en ville d’une jeune zèbre (oui, ça ‘rend’ assez curieusement lorsqu’on l’écrit !) qui se verra confrontée aux regards des autres, mettant ainsi le doigt sur les problématiques de la différence ; le tout marqué de péripéties intelligemment menées. C’est sa réalisatrice et conceptrice, Isabelle Favez - sans omettre de souligner que c’est elle qui a pensé et dessiné les personnages - qui a mené avec maestria ce projet d’un bout à l’autre, avec une petite équipe, soulignant ici encore le caractère quasi familial (elle travaille également avec son conjoint) loin des studios auxquels nous sommes souvent habitués !
Ce programme peut être considéré comme un bel exemple de ce que la jeune génération devrait voir. Quand on sait la laideur de nombres de produits disponibles sur le circuit de la vidéo, qu’ils soient diffusés à la télévision ou bien directement accessibles sur support numérique, nous nous trouvons ici mis en relation avec des histoires qui ont le mérite d’aborder des thématiques peut-être sombres (la différence, la solitude), mais qui ne sont jamais outrancières ou indéchiffrables. Destinées avant tout à un public jeune, ces histoires semblent porter via les animaux qui sont mis en scènes, ce regard finalement empli d’humanité, et qui même si le traitement avec des animaux n’est certainement pas une nouveauté en soi, renvoient à des préceptes presque philosophiques et humanistes, assimilables et donc compréhensibles par de tout jeunes enfants. Visuellement très aboutis, les trois métrages ne sont pas que des empilages de techniques allant du papier découpé à la 2D, mais ils respirent une poésie évidente qui les rend particulièrement beaux ! Une mention spéciale à l’animation et au rendu du Dernier Jour d’automne, dont les couleurs, les personnages et la trame (plus condensée il faut l’avouer) nous touchent particulièrement.
Zibilla, est une anthologie de trois courts métrages pour enfants - et adultes, insistons bien sur ce point - et sera sur les écrans le 13 novembre 2019.
Toute notre reconnaissance aux artistes inspirés et aux réalisatrices qui ont mené à son terme ces trois projets, et n’oublions pas de remercier les producteurs qui ont osé investir, représenter et vendre ce projet.
Merci à Mathilde de Ciné-Sud Promotion.
Sylvain Ménard, Novembre 2019