Un manque de connaissance du sujet, n’est en rien rédhibitoire pour suivre et apprécier tous ces témoignages, et ce afin d’essayer de comprendre ce qui rendait leur couple fusionnel, et ce qu’il a pû en advenir par la suite. Au delà de la chronique familiale et ce 'reflet' - qu’en toute franchise nous sommes incapables d’authentifier - c’est l’histoire d’une femme et d’un homme, de leur vie et de leurs erreurs...
Oui, mais voilà nous touchons à une légende ! Car c’est surtout une histoire de notoriété, et de l’amour si fort qui unit Vivian et Johnny, amour qui se consuma peu à peu, avec la drogue, les excès d’un système et l’infidélité.
C’est aussi l’évocation alors que Vivian était allée chercher son époux à la sortie de la prison pour consommation de drogue, du fait qu’elle puisse être noire ! Hérésie à l’époque de l’Amérique suprématiste du sud... Qu’elle le fut ou pas n’était d’ailleurs pas le problème, mais nous étions au milieu des années soixante. C’est alors que Vivian demandera le divorce, dans cette Amérique si catholique et dogmatique. Johnny Cash se mariera alors avec celle qui fut sa maitresse, June Carter ; et cette union donnera le June & Johnny Cash Show ! ; ce qui ajoutera encore à cette légende.
La vie s’écoulant Vivian se sera déjà remariée, ses enfants grandiront et elle deviendra grand mère, mais ce qui est particulièrement intéressant et que soulignent ses filles, c’est bien le fait qu’elle n’aura jamais cessé d’aimer Johnny et que ce dernier lui aura manifesté jusqu'à la fin de la tendresse. Johnny mourra en 2003, Vivian décèdera en 2005.
Le film bénéficie d’un superbe accompagnement musical qui apporte une touche nostalgique à l’histoire. Avouons-le tout net, peu d’entre nous connaissent à fond cette histoire, ou plutôt la petite histoire de la grande histoire de cette icône américaine ! Mais on se laisse prendre et captiver par ce métrage qui nous conte la romance de Vivian Liberto & Johnny Cash. Lui rend-il alors hommage ? Ce sera difficile à dire, tant de monde semble avoir un avis ! Mais entre un film (avec Joaquim Phoenix) qui présentait Vivian plus ou moins comme une hystérique et Johnny comme un idole (à laquelle on doit finalement tout pardonner) ; une culture et une ‘starisation’ qui laisse dans l’ombre ceux qui sont toujours à côté des figures publiques ; qui a tort et qui a raison ?
Le film de Matt Riddlehoover adopte un point de vue qui nous permet de nous faire notre propre opinion, les nombreuses interviews des filles de Vivian et Johnny paraissant pour leur part sincère, et surtout dénuées de toute forme de 'violence' ou de rancoeur. On peut présumer que sans être Américain, on peut trouver cette démarche honnête et nécessaire, tant l'histoire est souvent réécrite ! Et finalement, rendre justice à la première femme de Johnny Cash au lieu d’oblitérer jusqu’à sa mémoire (comme ce fut le cas lors de la cérémonie du décès de Johnny Cash), était normal. On nomme ceci la passion de son sujet...
Pour approfondir le débat, n’hésitez pas à visionner Walk the Line, le biopic réalisé par James Mangold, et sorti en 2005 avec Joaquin Phoenix dans le rôle principal. Rappelons qu’il s’agit d’un biopic, qui d’une façon romancée ne fait que proposer une vision des choses et non la vérité nue. Ce qui récemment au sein de ce genre précis qu'est justement le biopic, aura en 2018 ouvert les portes de la dissension - car au delà des qualités et de l’empathie due au sujet, le mythe Freddy Mercury - certains évènements semblent avoir donné lieu à des interprétations personnelles (et donc subjectives) sur Bohemian Rhapsody. L’histoire pour en revenir à Vivian et Johnny, aura voulu que Vivian décède avant la sortie du biopic en 2005, et que ses filles l’ayant vu par la suite aient été choquées par l’image dégradé de leur mère telle que vue par le réalisateur.
Le film est sorti en VOD mercredi 23 juin 2021 (https://www.destinydistribution.com/vod/).
Sylvain Ménard, juin 2021