Les plus…
L’histoire est assez bien construite, avec quelques rebondissements intéressants, et nous conte par le biais de son personnage central d’ANNA interprétée par Rose Aste, le conflit récurrent entre l’individu puis l’administration et les grandes entreprises de l’autre ; dans ce qu’on nommera, un film sociétal, un drame humain on ne peut plus actuel.
L’image véhiculée par le réalisateur est volontairement assez violente, que ce soit une violence verbale (par la bouche d’ANNA) ou une violence par les actes, toujours avec ANNA, victime mais résiliente, avec les conséquences qu’on imagine.
Et de ce fait, le réalisateur nous emporte dans une spirale quasiment destructrice, où nous ne cessons de nous interroger (si tel est l’objectif, c’est gagné), face à l’injustice, l'inanité de sa vie visible dans sa routine, dans sa relation aux autres.
Entre chronique humaine et critique sociale, ANNA, nous propose le portrait d’une femme déchirée entre ses souhaits et la réalité du monde qui l’entoure, confronté à la bêtise et à la méchanceté humaine, et consciente de sa propre faiblesse face aux puissants.
Digne héritier de la satire et du film social des années soixante-dix cher aux italiens - un cinéma dont nous constatons le retour ces dernières années dans le cinéma transalpin - ANNA cultive quelques clichés et lieux communs, tant il est évident que les standards du genre ont été respectés dès lors qu’on nous invitait à découvrir une histoire telle que celle-ci… Et quand bien même elle s’appuie sur une histoire vraie !
Et à nos yeux, la ‘révolte’ d’une personne ; seule contre les autres, et où arrivent peu à peu les petits reproches, les regards appuyés puis les phrases assassines ; ne mènent qu’à une chose, l'ostracisation.
Et toutes ces mesquineries, cette gratuité dans les actes ; renvoient à une représentation iconique, celle de David contre Goliath !
Les moins…
Le réalisateur aime son actrice… C’est sans doute là que nous sommes un peu perturbés, car il abuse un peu des longs plans sur la nudité de Rose Aste, comme s’il était nécessaire pour le spectateur de percevoir son statut de femme liée à la terre, son indépendance, par le truchement de son corps dénudé.
Le second - et non des moindres - est que le rôle confié à l’actrice Rose Aste, est celui d’une personne relativement antipathique, assez renfermée sur elle-même. Telle est notre perception, même si on trouve l’explication dans le vécu du personnage et dans son drame.
Sans doute ne pas accentuer son agressivité eut aidé à nous la rendre plus ‘supportable’.
Le jeu de l’actrice qui renvoie maintes émotions négatives au spectateur, renforce également le sentiment de rejet que nous avons, d’autant que le métrage aurait pu être un peu moins long, et nous y aurions gagné en l’allégeant au niveau de l’introduction notamment et de moments où le caméraman se fait voyeur !
C’est un film à voir, un peu lent à démarrer, mais qui tient ses promesses, notamment sur un dernier tiers plus dynamique et scénaristiquement plus fort. Comme dans tout film les enjeux sont clairement définis à un moment, et l’arrivée d’une révélation, ici un drame, celui d’une ‘violence (extra)ordinaire’, qui l’aura finalement conduite à s’isoler humainement et sentimentalement ; redéfinit le propos.
Nous devenons ainsi témoins de son malheur, de son impuissance, et l’antipathie que nous éprouvions pour le personnage s’efface totalement.
Synopsis : Anna, trentenaire solitaire, eÌleÌve ses cheÌvres dans une partie sauvage et preÌserveÌe de la Sardaigne. Mais son exploitation est menaceÌe le jour ouÌ un vaste projet de complexe touristique commence aÌ s’installer sur ses terres. MalgreÌ la pression du reste du village, treÌs favorable aÌ ce deÌveloppement eÌconomique, Anna va se battre pour sauver tout ce qui lui reste.
Sylvain Ménard, mars 2025
Casting :
ANNA : ROSE ASTE
AVVOCATO ROSSINI : DANIELE MONACHELLA
RUGGERO : MARCO ZUCCA
LUCIA : DANIELE VITELLARO
EFISIO : GIUSEPPE BOY
GIUDICE : IGNAZIO GAVINO CHESSA
PIETRO : SALVATORE CRISPONI
LUIGI : FRANCESCO FALCHETTO