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Sortie le 24 avril du très attachant et réussi ’UN JEUNE CHAMAN’, un thème original mis en scène par la jeune réalisatrice Lkhagvadulam Purev-Ochir

21 avril 2024 - 10:00
‘UN JEUNE CHAMAN’ de la réalisatrice mongole Lkhagvadulam Purev-Ochir nous invite à réfléchir à ce que représente la recherche de sa ‘voie’ au sein d’une culture avec ses traditions, alors que le monde change et que chacun - les jeunes surtout - essaient de se trouver, dans une société parfois rigide à Oulan-Bator en Mongolie. Entre conservatisme et modernisme, tradition spirituelle et société de consommation ; l’histoire nous fait découvrir un quotidien pas si éloigné du nôtre, où invocation et danse pour communier avec les esprits sont le quotidien d’un jeune homme ; mais est-ce là sa vie ? Ici la question qui se pose est ; peut-on vivre avec la tradition quand on est un jeune homme dans ce pays et qu’on aspire peut être à autre chose ?
Le chamanisme est un phénomène très particulier qui méritait de se voir décrit dans un contexte humain et traditionnel. Ici, Lkhagvadulam Purev-Ochir nous conte une histoire qui se déroule dans son pays à Oulan-Bator, dans un monde pétri de croyances qui perdurent dans la société mais qui s’effritent malgré tout, peu à peu gangrenées par l’irruption de ce qu’on nommerait pudiquement ‘les facilités modernes’, portable, internet, toute chose que chacun se doit de posséder. Or ces croyances ne sont en aucun cas liées à des phénomènes mystiques ou surnaturels, mais comme nous le présente la réalisatrice, elles existent par le biais d’une communion avec la nature et d’une transmission émotionnelle et forte, prenant une dimension non pas spirituelle mais plus ‘emphatique’, sans être réellement psychologique.
On peut difficilement parler de ‘foi’, mais n’en demeure pas moins que le sujet ; un jeune chaman de 17 ans, confronté à ses propres besoins, ses pulsions, son envie d’appartenir à un monde moderne, alors qu’il fait la rencontre d’une jeune fille, Maralaa, dont il s’éprend ; relève bien de ce type de quête, celle de soi, celle de son avenir propre.
La réalisatrice nous offre une juste description du jeune personnage de Zé, de ses relations avec les autres, de son attirance pour la jeune Maralaa, de son empathie et de sa spiritualité. Indépendance et autonomie, tout se mélange dans la tête de Zé qui de plus en plus remet en question ses choix. Et c’est bien là que se pose la question principale du film, avoir le choix justement, et où Zé et Maralaa se retrouvent confrontés à la réalité des choses, et surtout le besoin d’exister pour soi !
Ajoutons au titre des éléments qui nous ont marqué, cette joli photo qui sert à la perfection des plans larges et posés sur ce pays que nous ne connaissons pas ! Et la réalisatrice mongole Lkhagvadulam Purev-Ochir rend hommage à son pays, à sa complexité et sa richesse, tout en soulignant ses défauts et - comme partout ailleurs - ses remises en questions, et son combat afin de faire coexister la tradition et le modernisme.
Film sur la Mongolie, sur le devenir et les espoirs d'une jeune génération, telle qu’elle est visible dans la capitale Oulan-Bator ; UN JEUNE CHAMAN est certainement un film destinée à cette population, mais il acquiert une dimension universelle dans son traitement et ses questionnements liés aux nombreuses problématiques actuelles.
Synopsis : Ze a 17 ans et il est chaman. Il étudie dur pour réussir sa vie, tout en communiant avec l’esprit de ses ancêtres pour aider les membres de sa communauté à Oulan-Bator. Mais lorsque Ze rencontre la jeune Marla, son pouvoir flanche pour la première fois et une autre réalité apparait.
Sylvain Ménard, avril 2024
Crédit photos : Arizona Distribution, Aurora Films